Quel meilleur moyen de revitaliser le genre slasher que de convoquer la mort elle-même comme l'ultime boogeyman ? Et increvable avec ça ?
Soit une idée de génie animant un petit film nommé Destination Finale en 2000 et laissée en pause depuis quatorze ans maintenant. Oh, il y a bien eu quelques clins d'oeil récents, le temps d'une bousculade consumériste comme prétexte à Thanksgiving : La Semaine de l'Horreur, ou d'un catalogue de morts bien absurdes dans The Monkey.
Mais rien qui ne pouvait sérieusement rivaliser avec l'efficacité et l'inventivité de la franchise originale, bâtie sur deux arguments simples : une catastrophe inaugurale archi spectaculaire et des mises à mort tout aussi gores qu'improbables basées sur une interprétation diabolique et perverse de l'effet domino.
Et à ma grande surprise, en 2025, le plaisir est toujours là, quasi identique à celui de la première aventure en 2000. En concédant toutefois quelques variations sur un même thème. Car tout d'abord, cette mise en place en forme de retour dans le temps, soit en pleine atmosphère sixties, a de quoi surprendre au sein de la saga. Dans une incroyable tour convoquant tant l'atmosphère de La Tour Infernale que les riches trouvant la mort dans un modernisme cher à James Cameron via Titanic.
De même, loin du groupe d'amis ou d'inconnus totalement random, Bloodlines plaque sa malédiction pour la première fois dans le cadre des rapports familiaux. Déant ainsi le simple jeu de devinettes concernant l'identité de la prochaine victime par une caractérisation plus poussée et attachante des personnages.
Permettant au duo de réalisateurs Zach Lipovsky et Adam B. Stein de traiter à nouveau de la thématiques de la famille compliquée et contrariée, déjà évoquée à l'appui du fantastique détournement du genre super héros que constituait Freaks. Avec un curieux mélange du reboot de la saga Halloween exécuté par David Gordon Green, avec ce vieux personnage vivant retiré de monde et sur le qui-vive comme Laurie Strode.
Le reste a été conservé avec soin en 2025 : on se demande toujours, avec intérêt, si ce sera un bris de verre, un râteau négligemment abandonné ou un ballon de football qui fauchera pour le compte de la mort la prochaine victime. Des interrogations donnant lieu à une saillie comique digne d'un film des ZAZ particulièrement jouissive. Tout comme l'originalité bien méchante dans l'art de le mise à mort démonstrative et sanglante.
Et puis, revoir Tony Todd, qui semble ici livrer un commentaire de sa vie et de sa propre participation à la saga, permet de lui dire un au revoir assez poignant, son apparition ne laissant peu de place au doute sur le mal qui l'a emporté.
Destination Finale : Bloodlines remplit ainsi haut la main son contrat de divertissement en supplantant les deux derniers épisodes de la saga, tout en s'inscrivant dans les roues de la trilogie initiale en matière de fun immédiat et de plaisir un brin sadique.
Un retour en fanfare après quatorze années de sommeil qui confirme de manière éclatante que mourir peut attendre.
C'est la mort qui a assassiné Behind_the_Mask.