Un animé original de Mappa qui parle d'une animatrice de talent qui meurt au travail et qui est réincarnée façon isekai dans un monde de dark fantaisie. Ils étaient à deux doigts de sous titrer "inspiré de faits réels"
Si on exclue l'ironie mordante que ce soit le studio Mappa qui décide de se lancer dans un animé qui parle d'une animatrice qui meurt au travail (ils ont au moins la décence de ne pas la faire mourir de surtravail), le projet Zenshuu avait l'air super intéressant. Un animé qui parle d'une animatrice réincarnée dans un film animé de dark fantaisie, et qui a le pouvoir de changer la trame narrative des événements du film, ça pouvait donner des trucs super intéressant. Et je dois avouer être un peu tombé sous le charme de l'animé, qui malgré quelques limites, présente quand même de sérieuses qualités.
Même si le synopsis de Zenshuu fait vraiment penser à un isekai à thème (réincarné comme animatrice dans un monde de fantaisie), le ton, l'atmosphère, et surtout le soin apporté à la série fait qu'on s'approche plutôt d'un animé de fantaisie qu'un isekai un peu bas de gamme comme il y en a tant.
Mais ça traite de quoi Zenshuu au fait ? Et bien, est ce que vous n'avez jamais eu envie, lorsque vous regardiez un animé ou film inutilement sombre et déprimant, de juste rentrer dans l’œuvre et de faire n'importe quoi ? En fait Zenshuu c'est Berserk, sauf qu'au lieu de voir Guts sombrer dans le désespoir, l'héroïne dessine des gros mechas et des magical girls qui vont se battre contre les méchants. Ça créé un décalage et l'animé (au moins dans sa première moitié) va beaucoup jouer avec ça, pour créer des moments assez drôle et décalé. Mention spéciale au moment où l'elfe finit par désespérer de la situation et décide de réveiller le grand monstre final, et l'héroïne lui fait un concert d'idol et lui redonne le goût à la vie. Ou encore la meuf fan service qui sert normalement de love interest au héros, et qui devient bodybuildé après avoir vu un match de catch. Si je devais trouver un défaut à l'animé, c'est que je trouve qu'il explore pas assez ce coté décalé mindfuck et bac à sable, où l'animatrice s'amuse à faire n'importe quoi avec l'univers du film. Ça dure seulement quelques épisodes (qui sont vraiment très bon en plus). C'est dommage parce que c'est selon moi là où l'animé est le plus intéressant et le plus fun à regarder.
Parce qu'après une première moitié plus fun, la seconde moitié se prend beaucoup plus au sérieux et traite de sujets plus lourd. Un peu comme si le propos du film où se situe l'animé prend le dessus. On peut pas faire n'importe quoi, la cours de récréation prend fin, parce que le film a une trame narrative déprimante, et il faut la suivre. Là l'animé devient beaucoup plus classique et moins foufou, mais parvient quand même à rester intéressant parce que la production qui est derrière arrive à suivre, et que ça arrive quand même à poser des questions intéressantes sur le rapport à la réécriture et à la création. J'ai même été agréablement surpris d'être autant pris par l'histoire, moi qui avait justement peur lorsqu'ils ont abandonnés l'aspect "décalé". Même si je dois avouer que la fin aurait peut-être gagné à être un peu plus clair
Mon interprétation étant que l'héroïne réécrit complètement la fin du film en ressuscitant tout le monde et en rétablissant les Soul Futur
Parce que l'autre grande qualité de l'animé est sa production et la soin qui y est apporté. L'animé est vraiment très beau visuellement et super bien animé. Un trucs que j'ai beaucoup aimé est comment les dessins de l'animatrice dénotent avec le reste de l'univers du film par une animation particulière, c'était une belle trouvaille par les gens de Mappa. Un autre truc que j'ai beaucoup apprécié sont le age où l'héroïne se met en mode "animatrice" et qui a droit a sa petite cutscene (qui fait un peu penser à une transformation de magical girl), et qui est également magnifique.
Mais au delà de tout ça, on sent que dans Zenshuu il y a une forme d'amour pour le medium de l'animation qui y est retranscris. Une sorte d'ode à la créativité et la liberté artistique que permet l'animation. Peut-être y voit-on aussi une sorte de réponse aux personnes prenant le medium trop au sérieux, souhaitant à tout prix des histoires sombres et déprimantes, alors que l'animation est capable de bien plus que cela. Mais je pense surtout voir en Zenshuu une ode au détournement et à la réécriture des œuvres qui nous ont touchés. On peut se permettre de réécrire, de réinterpréter des œuvres qui nous ont touché, même si cela va à l'encontre de ce que le créateur original voulait.
En bref un chouette animé, pas l'animé de la décennie, mais une chouette expérience quand même qui offre des beaux moments d'animation et arrive à être surprenamment sincère et authentique dans son propos.
Et qui dit qu'on peut retrouver sens à sa vie grâce à des concerts d'idol.