Lady Oscar
6.3
Lady Oscar

Anime (mangas) Animax (1979)

WTF la note senscritique ?

WTF la note senscritique ? Lady oscar c'est un des animés les plus influant et un classique, alors pourquoi noter ça que 6/10 ? Est ce que les gens ont vraiment vu le même animé que moi ? C'est d'autant plus étrange qu'il n'est pas spécialement mal noté sur d'autres sites comme mal ou anilist, alors pourquoi une note aussi basse sur senscritique ? Peut être une question de réception ou de doublage, ou encore des souvenirs un peu flou d'avoir vu l'animé enfant ? En tout cas j’ens ceux qui participent à cette moyenne abyssale de revoir Lady Oscar avec plus de recul, parce que c'est une vrai honte qu'un classique de cette stature se voit sanctionné d'une telle note. Surtout que Lady Oscar ne fait absolument pas partie des animés qui ont mal vieillis, bien au contraire.

Puis j'ai écouté l'opening vf et je comprends maintenant les notes...


Le statut de classique de Lady Oscar fait qu'on en a forcément des a priori, et je ne fais pas exception. Je pensais regarder un shojo avec des histoires d'amour et de petites amourettes dans un cadre versaillais complètement fantasmé, et j'ai eu à la place une fresque historique dont la fidélité aux événements historiques est parfois époustouflante, et qui nous fait vivre de l'intérieur la tragédie de l'histoire qu'induit le age à une nouvelle ère. En fait, plutôt que d'être une histoire de romance, j'ai plutôt vu Lady Oscar comme une lettre d'amour à une époque révolue. Une lettre d'amour à Versailles et à tous ses excès, à la noblesse dans ce qu'elle a d'exaltant et de majestueux, mais aussi de ses ragots, de ses humiliations, et de son existence même qui repose sur l'exploitation d'une majorité opprimée et réduite à un statut de quasi servage. Mais une lettre d'amour teintée de tragédie, car on sait bien comment cela va finir, que ce monde versaillais va à rebours du sens de l'histoire, qu'il est une sorte de fossile encore en vie, attendant d'être déé par une nouvelle ère qui tarde parfois trop à venir...


Il y a une poésie de l’histoire dans Lady Oscar, l’histoire ne sert pas juste d'arrière fond décoratif, pour raconter des histoires d'amours avec reine princesse et nobles, mais l'histoire est le propos de l'animé. Il y a je pense autant de lectures possibles de Lady Oscar qu'il y a de spectateurs, mais ma lecture à moi est qu'il s'agit d'une tragédie à deux destins. Tragédie de l'histoire qui va toucher deux personnages. Tout d'abord Marie Antoinette, reine de , que l'on suit particulièrement pendant la première moitié de l'animé, et ensuite tragédie de Oscar François de Jarjayes, personnages fictif, qui est capitaine de la garde royale, et amie de la reine. Il est intéressant de suivre leur parcours respectif, parce que les deux sont submergés par le flot de l'histoire, excepté que l'une nage à contre courant, l'autre embrase le nouveau monde. Pour quel résultat ? Les deux sont, chacun à leur manière, victime de l'histoire, l'une est victime parce qu'elle refuse de lâcher prise, accroché à un idéal déé, elle est victime d'être reine au mauvais endroit, et surtout au mauvais moment. l'autre est victime collatérale de l'histoire, elle accompagne sa direction, mais l'histoire ne récompense pas, comme la Seine, elle emmène avec elle les cadavres de ceux qui périrent de sa contingence.


Attardons nous sur Marie Antoinette tout d'abord, personnage central du premier tiers de l'animé, qui se concentre plutôt sur la future reine que sur l'héroïne Oscar. On nous présente Marie Antoinette comme une petite fille un peu naïve, gentille, là un peu malgré elle, contrainte de devenir la femme la plus influente de et jouer un rôle politique dont on comprend bien qu'elle n'en a que faire. L'animé nous fait bien comprendre que Marie Antoinette n'est pas la "méchante" de l'histoire, si on devait lui trouver un qualificatif, elle serait plutôt une erreur. Elle n'était pas faite pour être reine, elle n'en avait ni l'étoffe ni la volonté. Il faut je pense plutôt voir en Marie Antoinette une figure tragique, une personne qui ne devait pas être là où elle est, mais qui, par la force du destin, se retrouve à la mauvaise place de l'histoire. Plutôt que d'écrire un personnage de Marie Antoinette comme hautaine ou dédaignant, méprisant le peuple, elle est écrite comme un personnage attachant, remplie d'humanité, peut-être même de trop d'humanité au vu de sa condition. Cela ne rend son périple que plus tragique, car on comprend bien que ce n'est pas la personne de Marie Antoinette (ou du roi Louis XVI, qui est également présenté d'une façon relativement positive, comme un petit garçon un peu timide) qui sont responsable de la situation du peuple, mais c'est le système derrière qui l’organise, un système pourri, déé, que l'histoire se chargera de balayer. La tragédie pose alors Marie Antoinette comme une double victime : victime d'une erreur de l'histoire qui l'a placée au mauvais endroit, et victime de la contingence de l'histoire, qui la place au mauvais moment.


J'aimerais revenir un peu plus sur la présentation qui est faite de la noblesse dans cet animé, car elle est à bien des égards ambivalente. On retrouve tout d'abord une forme de beauté et de fascination pour la noblesse et la luxure versaillaise, qui transparaît également dans les visuels magnifiques de l'animé. Versailles est présenté comme un havre de richesse, une sorte de monde idéal surtout comparé au Paris sale et populaire. Mais aucune idéalisation de cette noblesse, elle n'est aucunement celle que l'on retrouve dans les contes de fées, courageuses et honorables, elle est petite, mesquine, prête à tous les subterfuges, y compris les plus bas, pour espérer monter dans l'échelle du système. La noblesse versaillaise est présentée comme un monde corrompu, certes magnifique à la surface, mais rongé de l'intérieur par les affres du faux semblant et de l'hypocrisie. Le personnage de Jeanne par exemple en est une belle illustration. Souhaitant monter les échelons de la noblesse, elle en vient à organiser les pires complots pour espérer gagner un peu de reconnaissance, de prestige et d'argent, jusqu'à finalement organiser l'arnaque du collier de la reine. Marie Antoinette victime de la même noblesse à laquelle elle appartient pourtant. Néanmoins peut-on qualifier Jeanne de criminel assumée ou n'est-elle pas également victime de ce même système de noblesse qui l'a auparavant écrasé et humilié ? N'y a-t-il pas dans sa quête une forme de revanche personnelle contre la noblesse comme système, ant par sa réussite et l'échec des autres ? C'est quelque chose que j'ai personnellement beaucoup apprécié dans Lady Oscar, c'est qu'on voit que ce ne sont pas les personnages individuellement qui sont "méchant", mais c'est bien le système en entier qui est pourri, et qui pourri ses membres. C'est la classe des nobles, et non les nobles individuellement, qui autorisent un système d'oppression et d’humiliation. Mais malgré cela, quelques figures arrivent à s'élever de cette médiocrité omniprésente.


Lady Oscar est une figure particulièrement intéressante. Elle est tour à tour le chevalier au grand cœur protégeant la princesse, l'héroine au cœur brisé, puis le héros romantique en quête de liberté et de sens à sa vie. Véritable colonne vertébrale de l’œuvre, Oscar est à la fois spectatrice et actrice de l'histoire. Elle est d'abord spectatrice, ou en tout cas telle en est sa première volonté lorsqu'elle se rend compte de l'atmosphère de Versailles. Pas question de prendre par aux ragots dit-elle, elle ne fait que son métier et s'en va. Mais on comprend dès le premier arc que Oscar ne peut pas être simple spectatrice effacée devant les intrigues de la cour, elle doit prendre position, et elle choisit la fidélité à la reine, fidélité qui la suivra jusqu'à ce que ses valeurs ne la lui interdisent.


Oscar est donc d'abord présentée comme une allégorie du prince charmant, sur son cheval blanc. Héroïne au cœur pur, éprise de justice, elle agit comme une ange gardienne sur le personnage de la reine, la protégeant de la toxicité de la cour. Le personnage, surprenamment en retrait durant le premier tiers de la série, finit par gagner en autonomie et en importance dans le reste de l'animé. Le travestissement de Oscar participe alors à cette figure de la noblesse aristocratique, pleine de bonnes valeurs. Oscar en est alors comme une caricature.


Selon moi, le tournant de Oscar en tant que personnage est sa déception amoureuse avec le compte Fersen, amante de la reine. Cet amour pour Fersen la fait alors revenir dans un rôle plus féminin. Abandonnant ses habits masculin pour emprunter une robe de bal et devenir véritablement femme. On peut alors y lire un trope assez commun aux shojos, une fille garçon manquée qui, une fois l'amour rencontré, quitte le domaine de l'enfance associé au monde masculin pour entrer dans le monde adulte féminisé. Mais Lady Oscar est bien plus subtile que cela, et le personnage de Oscar plutôt que d'abandonner sa masculinité (qu'elle ne voit de toute façon jamais comme une forme de masculinité, mais comme une part de sa personne) décide de prendre suivre l'appel de sa volonté et de choisir la vie qu'elle souhaite mener. On peut voir dans cette quête de liberté deux choses. En premier lieu, peut-être encore une fois une illustration de la contingence de l'histoire : est ce que si Fersen aurait aimé Oscar, aurait-elle abandonné sa figure masculine pour intégrer pleinement le monde de la noblesse ? Monde auquel elle a pourtant toujours montré une forme de distance et de critique, en témoigne sa non participation aux bals. Là où le hasard de l'histoire tend à détruire ses personnages, parfois il peut se montrer libérateur. Mais on peut également voir dans cette quête de liberté de Oscar un symbole d'héroïne romantique, guidée par ses seules émotions et sens de la justice. Il n'en devient alors que naturel qu'Oscar abandonne le monde corrompu de la noblesse pour intégrer celui du tiers État en demandant d'être rétrogradé capitaine de la garde française. Elle e dès lors de la luxure de la garde royale au monde plus brutal et populaire de la garde française.


Une fois sa noblesse abandonnée, Oscar décide de suivre son désir, de se libérer de la charge qu'induit son statut de noble pour en se laisser guider que par ses idéaux. De là apparaît la première contradiction de l'animé: si Oscar est un personnage au cœur si pur, pourquoi appartient-elle au monde corrompu de la noblesse ? On e alors au dernier arc de personnage de Oscar, de la figure du prince charmant, à l'héroïne de shojo au cœur brisé, on e à la figure du révolutionnaire romantique. Convaincue du bien fondé de la révolution, elle en va jusqu'à abandonner officiellement son statut de noble en épousant son écuyer roturier André. Une belle déconstruction du mythe du prince charmant, le prince étant roturier et la princesse l'héroïne sur son cheval blanc ! Elle reprend alors les caractéristiques du héros romantique, recherchant par dessus tout la liberté et de suivre la voie qu'elle même aura décidé. Et comment être libre dans un monde aussi figé que celle que la noblesse défend ? La quête de liberté de Oscar se confond alors avec la quête de liberté du peuple français. De spectatrice de l'histoire, Oscar finit par en devenir une des figures les plus actives, accompagnant la prise de la bastille en menant les tirs de canon. Mais cette quête de liberté ant par la révolution sera aussi sa perte, car c'est sur la prise de la Bastille que sa vie prendra fin. Figure romantique jusqu'au bout, elle meurt en accord avec ses principes et sa morale, en essayant de fonder un nouveau monde, plus juste et plus équitable. Au final ce sont bien ses intuitions aristocratiques de grandeur et de dignité qui la conduisent à participer à la révolution qui est censé détruire ces mêmes idéaux aristocratiques.


Le parallèle avec le personnage de Marie Antoinette n'en devient que plus intéressant. Là où les deux personnages sont des fruits de la noblesse, leur destin s'oppose en raison de leurs choix. Antoinette choisit d'embraser cette noblesse, elle est critique jusqu'au bout de la révolution française, faisant partie des voix les plus réactionnaires refusant de prendre en compte l'assemblée nationale et défend bec et ongle l'autorité du roi (mais est ce de sa faute ou est-ce l'appartenance à sa classe qui a pris le dessus ?). Oscar en revanche, en quête de liberté, s'oppose à ce monde décadent, et préfère se battre pour permettre de faire émerger un monde nouveau. Luttant d'égal à égal avec ses camarades roturiers, elle finit par devenir une véritable figure révolutionnaire lors de la prise de la bastille. Les deux personnages sont pris par le flot de l'histoire, qu'ils ne peuvent ni ignorer ni déer. Ils sont à la fois victimes et acteurs de l'histoire, chacun à leur manière. Leur destin trouve néanmoins un point de convergence dans la mort. Ironie du sort, Oscar meurt par les balles de la noblesse qu'elle a tant défendu, et Antoinette meurt par les forces de la révolution, auquel Oscar a participé. Chacun meurt du choix idéologique de l'autre, révolution contre contre-révolution, accompagner le sens de l'histoire ou lui résister.


On ressent une forme de vide une fois terminé l'animé. Force de la fiction, on sait pourtant dès les premières minutes comment l'histoire se termine. Pourtant, il y a toujours un pincement au cœur, comme si voir l'histoire des yeux d'une Oscar inventée la rendait plus vivante, plus juste, plus... réelle.


J'ai préféré faire une critique un peu plus analytique pour cette fois. Il y a tant à dire sur Lady Oscar qu'on pourrait en écrire des thèses. J'ai préféré suivre ma lecture personnelle et celle qui m'a le plus touché, à savoir l’histoire de deux destins croisées, celui de Oscar et Antoinette, guidé par le sentier sinueux de l'histoire. J'aurais également pu appuyer d'avantage la psychologie complexe des personnages et de leurs histoires d'amour, ou de la déconstruction des rôles genrées par le travestissement de Oscar. Mais j'ai toujours eu un petit faible pour les grandes fresques historiques, quelque soit le medium, et je dois avouer ne pas m'être attendu à ça en lançant la rose de Versailles. Il s'agit d'une pure merveille animé, une œuvre qui n'a absolument pas volée son statut de classique. L'animé n'a pas (trop) vieilli de sorte qu'il reste complètement regardable par un public contemporain. J'ai été particulièrement surpris par le rythme presque parfait de l'animé. Aucun épisode ne parait superflu, aucun moment trop long, tout se regarde d'une fluidité folle. Le soin mis à l'exactitude historique doit également être souligné. Combien de fois ais-je après un épisode vérifié sur wikipedia la trame de l’animé pour me rendre compte que l'animé adaptait presque parfaitement les événements historique ! L'arc du collier de la reine en est par exemple impressionnant. Visuellement l'animé est également magnifique, alors évidemment ça a vieilli sur certains points (notamment certains procédés d'animation), mais le travail sur les décors, ou sur les costumes des personnages est à couper le souffle. Enfin je ne peux pas ne pas mentionner la musique, qui elle aussi est magnifique.


Mais je pense que la plus grande qualité de la rose de Versailles est bien cette ambiance qu'il arrive à produire, l'ambiance que c'est que de vivre l'histoire, d'être pris, avec les personnages, dans son flot. C'est une émotion très particulière qu'est celle d'être déée par les moments historiques, de vivre "en direct" des événements qui, on le sait, vont marquer à jamais la face du monde, et ça l'animé parvient parfaitement à nous le faire vivre. Cette réussite est je pense également du à l'écriture des personnages qui est magistrale. Que ce soit Oscar, la reine, mais également André, et même des personnages plus secondaires comme Alain ou Rosalie, ils participent tous à rendre les événements de l'histoire plus touchant, plus personnels. Finalement on ressent comme un immense vide une fois l'animé terminé. L'impression en quelque sorte d'avoir vécu une épopée unique, une tragédie historique grandiose, d'avoir nous aussi participé à cela. Peu d'animé ont réussi à ma faire ressentir des émotions aussi forte que celle des 5 derniers épisodes de Lady Oscar. Alors je remercie tous ceux qui ont travaillé sur cette merveille, et je recommande évidemment son visionnage.


Enfin ça c'est ce que j'aurais dis si ils n'avaient pas massacré le personnage de Saint Juste en en faisant une sorte de terroriste anarchiste. 0/10 littéralement irregardable.

9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Séries

Créée

le 21 avr. 2025

Critique lue 50 fois

1 j'aime

Nuipir

Écrit par

Critique lue 50 fois

1

D'autres avis sur Lady Oscar

Incompréhension

Ce n'est pas vraiment une critique, mais plus le partage de mon incompréhension face à la moyenne relativement basse de Rose of Versailles - traduit "Lady Oscar", alors qu'une simple traduction...

Par

le 24 mars 2014

18 j'aime

10

Une Travestie à Versailles...

Dans cette de 1755, le colonel de Jarjeyes attend son sixième enfant : père de cinq filles, il espère que le petit dernier sera un garçon qui pourra prendre sa succession afin de perpétuer...

le 13 juin 2011

16 j'aime

5

Lady Oscar
10

Oh, la quecla!

C"est en lisant les critiques de ce japanime que m'est venue l'envie de le revoir. Pourtant, je ne suis pas du genre à regarder Albator en bouffant des fraises Tagada ou à me tripoter en...

le 30 juil. 2011

13 j'aime

2

Du même critique

Ça partait si bien...

Un anime de zombie mettant en scène un travailleur complètement détruit par son travail abrutissant, vivant l'invasion de zombie comme une libération, le tout avec une animation et une direction...

Par

le 31 déc. 2023

3 j'aime

WTF la note senscritique ?

WTF la note senscritique ? Lady oscar c'est un des animés les plus influant et un classique, alors pourquoi noter ça que 6/10 ? Est ce que les gens ont vraiment vu le même animé que moi ? C'est...

Par

le 21 avr. 2025

1 j'aime

D'une poésie sans nom

Un beau jour, je ne sais pas trop pourquoi, je pris la décision de regarder tous les films du studio Ghibli. En en ayant entendu que du bien, je m'attendais donc à un premier film d'un certain...

Par

le 10 juin 2018

1 j'aime