Je n’avais jamais entendu parler de cette affaire.
Oui, je sais, c’est fou, mais j’étais dans une grotte sur ce coup-là. Le monde de la chanson française m’est assez étranger, pour ne pas dire complètement hermétique, donc forcément, tout ce qui touche à Bertrand Cantat et à Noir Désir m’était un peu é au-dessus.
Je ne connaissais ni la victime, ni l'accusé, je me fou complètement de ce qui arrive dans la vie privé des artistes et leurs productions artistiques m'étaient complètement é au dessus!
C’est sans a priori que je me suis lancé dans ce documentaire… et j’ai été happé.
Ce que j’ai tout de suite apprécié, c’est le format. Trois épisodes, concis, clairs, bien rythmés.
Pas de sensation de remplissage ou de redite. Et surtout, un vrai effort pour replacer l’affaire dans son contexte.
la des années 2000, l’idolâtrie autour de certaines figures publiques, la presse people qui s’en donne à cœur joie, et cette culture du silence autour de certains sujets.
Le documentaire ne se contente pas de rejouer les faits comme un simple fait divers. Il prend le temps d’explorer l’onde de choc médiatique, les discours contradictoires, la fascination et la gêne qu’a pu provoquer cette affaire. Il parle aussi de la manière dont la presse, mais aussi le public, a pu façonner ou déformer l’image de Cantat, tour à tour victime, bourreau, génie, salaud.
Ce flou, cette tension permanente entre iration artistique et rejet moral, le documentaire arrive à le mettre en scène sans tomber dans la facilité.
Alors oui, il y a un point de vue, une manière de raconter les choses qui n’est pas neutre. Mais contrairement à ce que j’ai pu lire ici et là, je n’ai pas eu le sentiment qu’on me forçait une lecture. Au contraire, j’ai trouvé que le film laissait une place à la réflexion, au doute, au malaise. Il pose des questions, il ne donne pas toutes les réponses.
Et tant mieux. Parce que cette affaire-là, elle ne peut pas se régler avec une morale toute faite.
Je suis ressorti de ce visionnage avec des émotions mélangées...
De la tristesse, de la colère, mais aussi une vraie curiosité pour comprendre comment une telle trajectoire a pu se produire. Le regard porté sur l’après, sur les tentatives de retour de Cantat dans le paysage culturel, sur les réactions de la société, des proches, des militants, est extrêmement éclairant. Et je pense que c’est ce qui m’a le plus marqué. De rockstar à tueur n’est pas seulement un portrait d’homme, c’est un portrait d’époque, de notre manière de juger, de pardonner (ou pas), d’idéaliser puis de brûler.
Bref, un documentaire fort, sobre, bien construit, qui m’a pris par surprise et que je recommande chaudement. Même si, comme moi, vous débarquez totalement sur le sujet.
Mon avis sur la question :
Puisqu’une guerre semble éclater autour de ce sujet, je vais moi aussi me jeter dans la mêlée avec mon avis sur la question.
Petit rappel : je ne connais pas les acteurs principaux de ce drame, et je n’ai aucune attache émotionnelle avec eux ou leurs œuvres. Quand on me présente Marie Trintignant en précisant qu’elle a eu quatre enfants de quatre pères différents, mon cerveau fait tilt. Instinctivement, je me dis qu’il y a peut-être une instabilité quelque part. Statistiquement, on n’est probablement pas face à quelqu’un de “posé”. Donc forcément, ses défenseurs les plus fervents me paraissent d’emblée un brin hystériques… MAIS ! Et c’est un gros “mais” : ça n’a, au fond, rien à voir avec cette affaire.
Eh oui.
Parce qu’au final, il y a eu une morte, un meurtrier sans blessures… et possiblement des récidives. Le fou dangereux et néfaste dans cette histoire, c’est Cantat, sans l’ombre d’un doute.
Faire de Marie Trintignant une sainte mielleuse, c’est tentant, d’autant qu’elle semblait en bons termes avec certains ex-compagnons... Mais ce n’est pas le sujet.
Ce n’est pas ce que fait le documentaire, et je n’ai jamais eu l’impression qu’il cherchait à forcer une posture morale. Il raconte, il met en lumière, il montre les ondes de choc. Rien de plus. Et c’est déjà énorme.
Pour être honnête, je regardais le documentaire en faisant autre chose. Les premières minutes me donnaient juste à voir deux starlettes inconnues, dont l’une, bien plus dérangée que l’autre, avait fini par commettre l’irréparable. Je pensais avoir saisi l’affaire en cinq minutes… mais mon sang s’est glacé à la description de l’autopsie. Être un animal à ce point avec une personne qu’on dit aimer… il n’y a, là, aucune excuse.
Je n’ai jamais compris les couples violents. Et oui, j’imagine bien que certaines femmes peuvent pousser à bout. Mais être un homme, c’est aussi savoir prendre ses distances dans ces moments-là, ne pas surenchérir. Que Cantat ose balancer, dès les premières secondes, “oui bon, je l’ai prise puis jetée”, m’a suffi à voir que le bonhomme a un sérieux problème. Dans cette phrase, il n’y a ni remords, ni pudeur. Juste une manière mécanique de raconter une violence absolue.
Un livre souvent cité évoque cette phrase : “L’homme tue, et la femme rend fou.”
Je ne suis pas d’accord. C’est une pirouette intellectuelle, un raccourci, une lâcheté même.
Vous qui me lisez, vous le savez, j’essaie de penser par moi-même. Les choix moraux qui m’incombent, j’essaie qu’ils ne soient dictés ni par une doctrine, ni par une idéologie. Alors non, je ne fais pas partie de ces bien-pensants qui semblent suivre un petit guide du bon karma à la lettre sans jamais douter.
Mais ici, franchement… j’ai la vive sensation que Cantat est le prototype même de la figure à faire descendre par #MeToo.
Désolé pour les fans ou les âmes nostalgiques. Je suis dans une position bien plus simple que vous pour juger sans émotion. Mais ce monsieur a un problème. Et que la presse ait pu titrer, à l’époque, “Mort par amour” reste pour moi sidérant. Hier comme aujourd’hui.