A la moulinette des faits divers, Netflix devait bien traiter un jour la mort sordide de Marie Trintignant sous les multiples coups du chanteur de Noir Désir, en 2003 dans la chambre d'un hôtel de Vilnius en Lituanie. On se rend compte rapidement que le cogneur Bertrand Cantat bénéficia d'un traitement complaisant des médias paresseux voire misogynes, ainsi que des avocats payés par la maison de disque (bonjour le rebelle de pacotille, le poète enragé aux idées humanistes bien évidemment...), histoire de sauver le magot. L'intérêt de cette série est de donner pleinement la parole aux proches des victimes, Marie et Kristina, et non de servir la soupe au clan Cantat qui tenta pendant des années de maintenir les apparences du business familial, quitte à cracher sur les tombes des victimes. Ce documentaire reprend clairement la trame de l'enquête d'Anne-Sophie Jahn qui explose la posture victimaire du chanteur. Le pauvre choupinou obligé de se défendre du haut de sa stature de colosse face à l'agression d'une petite femme en pleine crise de nerfs : le fameux coup de l'hystérie féminine, vous connaissez ? Et pour le coup, c'est Cantat qui s'en prend plein la gueule, dont on découvre à l'occasion la vocation comique lorsqu'il plaisante avec la traductrice lituanienne en racontant sa nuit de frappe...Quel joyeux drille tout de même, ah, ah...Et à tout dire, il l'a bien cherché.
Après la première version de la chute accidentelle lors d'une dispute, à cause d'un radiateur mal placé bien évidemment, on nous sortit la fable du "crime ionnel" très pratique pour am la galerie. L'autopsie criminelle est pourtant sans appel tant elle dévoile la violence des coups au point de rendre Marie méconnaissable et démolie de la face. Une brute épaisse surgit sous le vernis du chanteur rock. Une dizaine de coups portés, des nerfs optiques arrachés selon le syndrome du bébé secoué, le nez fracturé et le larynx meurtri façon George Floyd, etc...la version "romantique" de la dispute amoureuse ne tient pas une seconde devant la froideur clinique de l'autopsie...
Très grinçant aussi d'entendre les discours de ces petits mecs du showbiz sortir les arguments moisis du patriarcat pour justifier les coups mortels du genre : "elle l'a un peu cherché, non ?" La palme de la connerie pathétique revenant au grassouillet Arnaud Viviant, - "elle était pas fidèle"... "Et puis elle a eu 4 enfants avec 4 pères différents, vous vous rendez compte ?" - dixit le frangin Xavier Cantat - ce petit bourgeois de la rebellitude...donc on peut la massacrer, c'est ça ? On en est là... Quant à Kristina Rady, qui sauva la peau de son ex au procès, elle finit par se pendre sous le harcèlement pathologique de Cantat, qui ne ait pas la voir amoureuse d'un autre. Ce mec pue la mort. Comme le dit si bien maître Kiejman, "Cantat dort toujours quand ses femmes meurent...." Autre petite bombe, cette série témoigne tristement des violences conjugales du quotidien, puisqu'il apparait que Kristina Rady subit aussi la violence de Bertrand Cantat, au point d'un arrachage de cuir chevelu...une peccadille...Le message que cette femme meurtrie laissa à ses parents (sur leur répondeur) est implacable de vérité.
Intouchable, Cantat reprit du service avec Detroit pour un retour dans les studios et sur la scène. Comme si de rien n'était. Les fans ne voient pas le problème à écouter les chansons d'un tueur à mains nues avec le fallacieux argumentaire : "il a payé sa dette..." Même Caroline Fourest, qu'on a connu plus inspirée, se crut à l'époque obligée de servir cette soupe...4 ans pour une vie, c'est tout ? En 2017, la Une des Inrockuptibles, En Son Nom, pue clairement la complaisance machiste des mecs à petits glands, mais ces penseurs mondains de la presse cultureuse datent franchement d'une autre époque...de merde...Le plus drôle, qui n'est pas évoqué dans cette série, c'est que face au tollé de cette Une pathétique, les Inrockuptibles durent sortir les rames pour récupérer le coup en publiant quelques jours après une tribune intitulée Au nom de Marie, cette fois. On ratisse large dès fois que l'on perdrait des lecteurs...
La série évoque clairement l'omerta dans le milieu - ah "magnifique " le boutiquier Pascal Nègre qui ne s'intéresse pas à la vie privée de son artiste...tellement pratique...les affaires sont les affaires, n'est-ce pas ? - pour mettre sous le tapis les violences de la "vedette"...Cette loi du silence est brisée en off par un membre de Noir Désir qui évoqua à la journaliste Jahn de multiples coups de Cantat sur d'AUTRES femmes. Mais chut, il faut sauver l'ego du gugusse et le business juteux, car le tiroir caisse n'attend pas. Quant à Cantat, il n'est désormais plus que l'archétype du gros mâle cogneur, sauvé par son putain de pognon et sa clique de fidèles pathétiques. Ces fans qui préfèrent les jeux du cirque à la vie d'une femme pour se palucher la nouille à l'écoute de leur tueur en (im)posture d'artiste maudit, une escroquerie totale...show must go on...BEURK.
PS : le plus débile dans cette histoire, c'est d'entendre dans la bouche des causeurs de la bienséance de gauche, l'argumentaire frelaté de l'extrême droite et des intégristes fanatiques du genre talibans. "On peut comprendre qu'il lui tape "un peu" sur la gueule, parce que c'est une femme limite hystérique et toxico, qui a collectionné les mecs..." de sacrés tocards machistes en somme. Le même genre de zozo archaïque que Jean-François Kahn qui parlait de "troussage de domestique" à propos du viol de Diallo par DSK...