Bell Hooks est l'une des grandes écrivaines de l'afroféminisme contemporain, son écriture est limpide et joliment tournée, même si ses analyses sont pointues et très bien argumentées: documentées et sociologisées (mêlant histoire et présent dans les luttes contre le racisme et le sexisme, en partant du mouvement pour le droit de vote, puis des droits civiques, jusqu'aux années 70)
Le titre "Ne suis je pas une femme ? " est en référence à Sojourner Truth, Afroféministe du 19e siècle, abolitionniste ayant subi l'esclavage, pour les droits civiques, contre la peine de mort et pour l'égalité femmes / hommes. Ce titre est celui d'un discours qu'elle a fait devant une assemblée mixte (beaucoup plus d'hommes que de femmes), dans l'Ohio en 1851, à la Convention des droits des femmes. Elle y dénonce le fait d'être invisibilisé lorsque l'on est femme et d'autant plus lorsque l'on est Noire. Elle pose les bases de l'Afroféminisme en refusant le fait de compartimenter les luttes entre elles et en exigeant une reconnaissance des combats singuliers auxquels font face les femmes noires.
Bell Hooks montre dans ce livre les travers d'un féminisme blanc et notamment le racisme qui s'y fait jour par l'invisibilisation des combats des féministes Noires. Elle démontre l'importance de la sororité, comme d'autres l'ont fait auparavant, Audre Lorde pour n'en citer qu'une. Elle y explique ce qu'est l'Afroféminisme, les raisons du combat, l'organisation et l'importance de la convergence des luttes féministes (l'intersectionnalité) entre elles et de la lutte antiraciste.
Les éditions Cambourakis ont depuis 2015 une collection féministe et anticapitaliste, ce livre est traduit en français par Olga Potot et préfacé par Amandine Gay, réalisatrice notamment d'un documentaire "Ouvrir la voix", qui donne la parole aux femmes noires.
Un livre exemplaire, à lire dès que vous le pouvez !