En tant que femme blanche qui peut se considérer comme « privilégiée », j’ai eu grand intérêt à lire Ne suis-je pas une femme ? sorti en 1981…mais traduit pour la première fois en français en 2015 !
J’ai trouvé cet essai absolument fascinant. J'ai pu mieux comprendre des concepts que je trouvais plutôt flous (l'intersectionnalité des combats) et je suis sortie grandie de cette lecture.
L'essai traite de l’Afroféminisme et notamment du double fardeau d’être née et femme et noire aux États-Unis. Ces femmes noires qui subissent le racisme et le sexisme de manière plus ou moins insidieuse de la part des Blancs et des Blanches et de la part des hommes noirs. Ces femmes noires oubliées par le féminisme blanc dont la majorité des adeptes, sous prétexte d’une lutte commune de « toutes les femmes », faisaient (font toujours ?) preuve de racisme et de classisme flagrants. La femme noire a ainsi souvent été invisibilisée dans de nombreux discours: on parlait ainsi de Noirs (hommes) et de femmes (blanches).
bell hooks énumère et détruit les clichés et stéréotypes racistes et sexistes sur les femmes noires: la fameuse Mamma fidèle à sa famille de Blancs, la fille aux mœurs légères et dépravées (la Jézabel) ou encore la Matriarche castratrice.
J'ai souvent oublié au cours de ma lecture que cette oeuvre a été écrite il y a 40 ans, tellement les réflexions apportées par rapport à ce qu'est et devrait être le féminisme me semblent pertinentes et (malheureusement ?) toujours d'actualité. Beaucoup de féministes blanches tombent encore et toujours dans les travers critiqués avec justesse par bell hooks, dont l'écriture est ciselée et facile d'accès. On ressent également l'énorme travail de recherche derrière.
Loin de prôner une idéologie communautariste, l'autrice offre un parfait essai humaniste, universel et accessible qui saura parler à toutes les femmes (et tous les hommes). A (re)lire d'urgence.