Ce premier tome du Sentier des Astres prouve une fois encore que la Fantasy d’aujourd’hui ne se réduit pas (ou plus) aux clichés dans lesquels on voudrait l’enfermer. Stefan Platteau nous plonge en effet dans un univers novateur et ionnant, qui est selon moi le grand point fort du livre. Mêlant avec bonheur les références occidentales et orientales, allant chercher son inspiration dans l’hindouisme et les mythologies celtes et scandinaves, l’auteur a le talent de dévoiler son monde avec subtilité, sans chercher à tout expliquer dès les premières lignes. D’ailleurs, les premières pages laissent peu entrevoir la profondeur de l’univers et de l’intrigue. Au cœur de la forêt boréale, deux bateaux remontent le fleuve délivré des glaces, à la recherche de réponses. Ils croisent la route d’un étrange naufragé, les jambes brisées, attaché à une branche d’arbre. L’étranger doit leur fournir des réponses… mais les choses ne vont pas se er comme prévu. Au fur et à mesure que l’on remonte le Framar avec cette équipée, on se rapproche de sa source physique comme des origines mythiques de ce monde mystérieux. Le roman prend le rythme lent du fleuve pour raconter cette histoire, et ce tempo pourrait ne pas plaire à tout le monde. Moi qui apprécie d’habitude les débuts punchy où on est directement plongé dans l’action, j’ai pourtant pris beaucoup de plaisir à me laisser bercer lentement par le récit à double voix de Manesh et de Fintan, les deux narrateurs. D’ailleurs, si les choses commencent assez doucement, la tension ne fait qu’augmenter et certains ages sont véritablement haletants. Plus l’équipage remonte le fleuve, et plus il s’éloigne de la civilisation. Les frontières entre le monde tangible et celui des esprits s’estompent. Sous les épaisses frondaisons, au détour d’un méandre du fleuve, à l’ombre des pierres levées, géants et démons laissent entrevoir leur age, et entendre le son lugubre de leur cor… La fin ne donne qu’une envie, connaître la suite !