Je me réjouissais vraiment de voir ce film. Un thriller aussi bien noté, coréen de surcroit, cela laissait présager de l’originalité, une ambiance glauque à souhait et surtout du suspens. Oui, c’est pour cela que j’aime les thrillers en général. Le film terminé, je suis plongée dans la perplexité… Comment a-t-il pu obtenir ces notes et ces critiques élogieuses ? Certes, la réalisation est réussie : plans léchés, ambiance lumineuse au top, montage alterné mettant particulièrement bien en valeur les scènes de poursuite… Je dois avouer que le décor, au moins, est réussi. On est vite immergé dans ce quartier de Séoul plongé dans l’obscurité et balayé par la pluie, on prend plaisir à se perdre dans les ruelles tortueuses éclairées de lumières blafardes. Mais voilà, pourquoi, pourquoi un tel scénario ? Accumulant les situations absurdes, voire carrément comiques, il ruine tout suspens et toute immersion ! Quel est le but exact des scénaristes ? Ridiculiser la police coréenne (une fois encore ?) présentée comme une armée d’imbéciles gesticulants et hurlant entre deux siestes ? Jouer la carte de l’originalité en dévoilant à la fois la victime, le mode opératoire et le tueur en moins de trente minutes ? Certaines scènes sont si tirées par les cheveux que l’on y assiste mi amusé mi désespéré.
Songez tout de même que le « héros » tombe sur le tueur parfaitement par hasard, suite à un bête accident de voiture. Plus tard, ni ce même héros, ni la police, ne parviennent à trouver la planque du tueur, située à moins de dix mètres d’au moins deux des voitures de victimes, qu’il a l’obligeance de garer juste à côté. Et le pompon, c’est le dénouement : la prostituée qui a miraculeusement survécu à plusieurs coups de marteaux et une hémorragie cérébrale parvient à se libérer et se réfugie dans un commerce. Exactement à ce moment-là, le tueur libéré faute de preuve (no comment), n’a plus de cigarettes et décide d’en acheter… dans cette même boutique. La vendeuse vend bien entendu la mèche au tueur. Et là, scène ultime du film : le tueur demande « Vous auriez un marteau ? » et la vendeuse répond « Mais bien sûr, tenez ! ». A croire qu’elle l’avait posé à côté de sa caisse enregistreuse… Grotesque ! Et ons sur le fait que le psychopathe était filé par une policière à ce moment-là et qu’il est parvenu à sortir sans encombre du magasin avec sous le bras la tête et les mains de la victime…
Je e sur les autres incohérences, il y en a trop pour les citer. J’ajouterai seulement que les personnages sont peu attachants et assez caricaturaux. On a du mal à s’intéresser vraiment aux courses poursuites, au tabassage et même au combat final. Heureusement, le personnage de la petite fille vient un peu humaniser tout ça, tandis que celui du tueur procure de temps en temps une émotion au spectateur (la répulsion). Peut-être suis-je trop sévère avec ce film, qui a certaines qualités. Mais en matière de polar, je considère que tout le sel réside dans la construction d’un scénario bien ficelé et d’un suspense qui vous tient en haleine. Ce film m’a grandement déçu sur ces points. Une bonne réalisation ne rattrape pas tout.