En tant que féministe, j’étais contente de donner audience à ce livre qui m’intriguait et dont j’avais trouvé les retentissements médiatiques hyper violents. Finalement, la lecture a été un peu éprouvante, beaucoup de propos assenés comme des vérités générales voire statistiques semblent infondés, ou seulement sur le vécu de l’auteure, le livre manque d’un sacré fil rouge et la démonstration d’un « génie lesbien » n’est pas assez convaincante pour justifier l’écriture d’un livre à mon sens.
Cela étant, l’auteure a le mérite de mettre en lumière les mécanismes d’une discrimination anti-LGBT et anti-lesbienne en particulier, qu’il est intéressant, si ce n’est important de comprendre lorsqu’on n’en est pas victime. Le fameux principe de déconstruction quoi. La gêne qu’il existe ne serait-ce qu’autour du mot « lesbienne », les difficultés liées au « coming out », notamment en alors qu’on est un pays protecteur des droits des LGBT, la question de la neutralité journalistique, du spectre du genre, et les nombreuses comparaisons avec la culture américaine, tout autant de sujets que j’ai trouvés intéressants. Bref, je retiens quand même pas mal de ages en y réfléchissant.
Enfin, le dernier chapitre intitulé « La guerre des hommes » m’a fait largement relativiser la soit-disant menace de la fameuse « guerre des sexes ». Ce que dit Alice Coffin, c’est que cette guerre elle existe déjà et depuis longtemps ! Je ne partage pas toutes ces positions sur les manières de la résoudre, mais je suis contente que ce genre de personnalité ait voix au chapitre, rappelle des vérités – notamment sur les violences faites aux femmes – et je ne comprends toujours pas où les gens voient de la violence et de l’extrême radicalité dans son propos. Pour boucler la boucle, je dirais que le traitement médiatique que ce livre a reçu n’est une fois de plus, pas à l’honneur des journalistes, et les critiques dénonçant « un appel à la haine des hommes » sont tout simplement ridicules et finissent de lui donner raison.