Partir un jour

Ce livre m’a clairement fait sortir des sentiers battus, avec une lecture qui, à première vue, ne m’était pas vraiment destinée. Mais c’est toujours bien de quitter sa zone de confort et de tenter des lectures inattendues. En fait, ce roman je l’ai offert à ma chérie, parce qu’il lui faisait très envie ! Elle l’a dévoré en trois jours, l’a adoré, et comme on n’en avait pas discuté, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Bref, voilà-t-y pas que je me retrouve sans lecture, avec en plus un déplacement qui tombe. Difficile d’imaginer prendre le train sans un truc à lire, non ? Et bien, il n’en fallait pas plus pour me lancer… dans ce que je croyais être une sorte de livre feel good.


Bon allez, j’arrête de raconter ma vie, faisons place au livre et à mon ressenti.


Sur la première partie du bouquin, j’avais commencé à préparer une revue en analysant un peu la narration, le style d’écriture, la façon de raconter. Mais tout ça est vite é au second plan : l’histoire a pris le dessus. Et puis ça c'est avéré compliqué de faire une revue de ce livre, parce que… le sujet est fort, et quand on est pris comme ça, c'est parfois moins évident.


Côté structure du livre, il y a plusieurs narrations, quasiment toutes portées par la protagoniste, Abigail, que l'on la voit jeune, et plus âgée; c'est aussi elle qui nous raconte son frère Gabriel et sa belle-sœur Zoé. Ces narrations se croisent les unes les autres, avec au milieu quelques outils empruntés au polar, pour faire avancer l’histoire.


Il y a d’ailleurs quelque chose d’assez intime dans tout cela : on est à hauteur d’individu, immergé dans leur quotidien. Et c’est cette proximité qui rend les événements si durs à encaisser. On est plongé dans cette histoire qui nous est racontée. Elle est innocente mais dure. Violente, mais doucement relatée. Et nous, lecteurs, on avance en s’attendant au pire, tout en espérant qu’il n’arrive pas.


Car le vrai point clé du livre, c’est son traitement des violences conjugales. L’impact que cela a sur les personnes, sur une famille. La complexité de traiter un tel sujet et les répercussions quasi infinies que ça peut avoir sur les victimes.


Les mécanismes violents sont d’autant plus percutants qu’ils semblent pouvoir surgir dans n’importe quelle famille. C’est aussi ce qu’on a appris avec le drame Pelicot. La violence met en scène des hommes « normaux » qui ont des comportements de monstres. Alors que dans l’imaginaire collectif, on pense à un inconnu dans une ruelle sombre ou à un mari alcoolique qui hurle et casse tout. Mais la réalité est souvent bien différente. C’est parfois un père, un frère, un mari. Quelqu’un de proche. Quelqu’un qu’on connaît.


C’est aussi une manière de recentrer, de rééduquer les regards. D’expliquer, de comprendre comment ça fonctionne. Non pas pour dire que tout le monde peut être victime ou coupable, mais pour montrer que le dessin est bien plus complexe que celui d’un monstre dans un parking ou d’un mari alcoolique qui rentre du bar pour battre sa femme.


Ce livre, franchement, il secoue. Et contre toute attente, il me donne envie d’aller voir du côté des autres romans de l’autrice, Marie Vareille, que je ne connais pas du tout malgré son gros succès (comme quoi, on peut er à côté de beaucoup de choses).


Mais surtout, il nous pousse à rester vigilants. À garder les yeux ouverts sur ce que peuvent être les violences. Qu’elles soient physiques, psychologiques, morales.


Et puis, vraiment : ne jamais juger un livre à sa couverture… ni à ses a priori.

Est-ce que ça veut dire qu’un jour je me tournerai vers de la romance ?

Jamais !

Enfin… je crois.


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il y a 5 jours

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Ben Hardo

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