une toute petite lumière dans le coeur

https://exulire.blogspot.com/2024/12/la-derniere-allumette-marie-vareille.html


Pourquoi ai-je mis autant de temps à découvrir cette autrice ? Tout simplement que je la mettais dans le même panier que Virginie Grimaldi, allez savoir pourquoi, et étant donné que ce n'est pas une autrice que j'affectionne, j'avais peur d'être déçue une nouvelle fois. Mais ce fut tout l'inverse, ce sont bien deux styles, deux plumes, deux univers complétement différents, et Marie Vareille m'a conquise, surprise, happée, tout simplement séduite.


La construction de ce roman est très surprenante, à la fois dans son genre : contemporain, thriller psychologique, social, mais aussi dans sa construction : présent, é, personnages différents. Ce roman m'a souvent dérouté, parfois mis mal à l'aise mais ce qui étrange, oh combien savoureux. Combien de questions me suis-je posée tout au long de ma lecture ? Des hommes et des femmes qui se croisent, s'aiment, se déchirent, se séduisent, se culpabilisent, s'entrechoquent, vivent, rêvent, cauchemardent, sur plusieurs années, à des endroits différents. Un roman riche en tout et d'une certaine façon m'a enrichi.


Abigaëlle, la forte et fragile à la fois, la peur de l'extérieur, la peur de son frère, le seul être qui lui reste, cette séparation douloureuse pour le bien de l'un et de l'autre, cette relation pleine d'amour et aussi conflictuelle, c'est la narratrice principale de ce roman. A la fois présente mais aussi tellement inaccessible, sa présence éthérée et pourtant omnisciente m'a retourné le cerveau. Sa vie, elle l'a vit par procuration pour se protéger et protéger, trouble de la mémoire, trouble du comportement, insaisissable, inaccessible, elle m'a terriblement touchée.


Gabriel, son frère lui aussi meurtri dans son enfance, l'ange protecteur de sa sœur, l'ange qui s'est coupé les ailes pour avoir les pieds bien ancrés dans le sol, l'ange aux deux visages, bienveillance et colère tournent, s'entrecroisent, s'emmêlent, entrent en conflit l'un l'autre. L'amour d'un frère pour sa sœur, l'amour d'un homme pour une femme, déchirement permanent du corps et de l'âme, c'est aussi un personnage, difficile à appréhender. Il m'a fait peur autant qu'il m'a rassuré. Sans doute restera-t-il le personnage le plus complexe jusqu'à la fin du roman.


Zoé, l'étincelle qui va mettre le feu au poudre, optimiste, rêveuse, amoureuse, rayonnante, sa vie est simple et elle aime simplement la vie. Elle sera l'élément déclencheur qui va faire basculer Abigaëlle et Gabriel. Jeu du chat et de la souris, je t'aime moi non plus, c'est un personnage qui apporte la lumière dans cette vie de souf physique et psychologique.


Ce roman est un roman qui parle de violence conjugale, de violence infantile, quand l'enfant est à l'âge de dessiner le monde plein de couleurs, seule la noirceur du monde existe. L'insouciance disparait, les émotions meurent, mais l'amour d'un enfant pour ses parents est toujours là... j'ai ressenti tellement de tristesse, de désarroi, de mélancolie. Marie Vareille a le pouvoir rare de transmettre des émotions qui débordent. Elle a construit son roman méthodiquement, ne laissant rien au hasard et pourtant, lorsque je l'ai lu, je n'ai jamais pu anticiper la mécanique de ce roman. Je me suis laissée porter tel un fétu de paille balayé par le vent de l'histoire, mes sens en alerte mais j'ai eu du mal à reprendre pied et ne pas me laisser emporter par cette histoire.


De nombreuse images resteront gravées dans ma tête sans en expliquer pourquoi celles ci ou bien celles là : une petite fille avec la plus belle chanson du monde dans ses oreilles, un homme avec un tatouage 3/4 sur le bras, un agenda ouvert avec le rdv de 17h30 du vendredi soir, des détails insignifiant chacun pris indépendamment, mais qui ensemble signifient tellement plus.


J'ai aimé ces femmes et ces hommes, leur douceur, leurs envies, leur féminité, leur masculinité, leur mystère, leurs désillusions, leur envie de faire le bien, leur envie de vivre, leur envie de protéger, leur bienveillance, leur courage, leur peur. Des hommes et des femmes dans le tourbillon de la vie qui tournent autour du même axe mais qui n'auront pas les mêmes séquelles. Une construction intéressante qui permet de s'immerger totalement dans l'histoire. Mon premier Marie Vareille mais pas mon dernier.

8
Écrit par

Créée

le 30 avr. 2025

Critique lue 22 fois

1 j'aime

1 commentaire

exuline

Écrit par

Critique lue 22 fois

1
1

D'autres avis sur La Dernière allumette

La Dernière allumette
10

Critique de La Dernière allumette par Julie Cordier

Il est vrai que lorsqu’on regarde mes différentes lectures sur mon blog, elles sont très éclectiques. Mais, il faut aussi constater qu’elles sont souvent bien noires ou sanguinolentes. Participant au...

le 6 juin 2024

2 j'aime

1

Critique de La Dernière allumette par Yves MONTMARTIN

Abigaëlle, depuis vingt-sept ans, vit ans une abbaye, son quotidien est désormais un gruyère perforé d'inexplicables trou de mémoire. Enfant, elle consignait dans un cahier ses pensées pour l'aider à...

le 3 juin 2024

2 j'aime

Du même critique

Le plus noir de ce monde se cache en l'Homme

Rose, 14 ans, vendue par un père qui va gouter à la saveur amère des remords, mais il est déjà trop tard. Une enfant qui va devoir grandir beaucoup trop vite, dont la naïveté n'a d'égal que sa...

Par

le 16 avr. 2019

6 j'aime

Les fiancés de l'hiver

Je crois qu'il est officiel de dire que je suis une "bloggeuse littéraire victime" !!! Entendez par là, que j'ai de plus en plus de mal à résister à l'achat compulsif d'un livre qui est ovationné sur...

Par

le 14 mars 2016

6 j'aime

L'auberge de la Jamaïque

C'est un livre qui nous fait respirer l'air iodé de la mer, qui nous emporte sur les côtes sauvages balayée par le vent et la pluie, c'est un livre qui nous fait découvrir un paysage de bruyères et...

Par

le 10 déc. 2015

5 j'aime