Il est de ces mondes ouverts qui donnent envie d’explorer chaque recoin, et d’autres qui nous rappellent que l’aventure est parfois une check-list. Assassin’s creed shadows, fait partie de cette seconde catégorie : un jeu où le « traversal » devient un combat, le scénario une formalité, et la contemplation un refuge.
Il y a une différence entre connaître le chemin et arpenter le chemin
Commençons par l’essentiel : se déplacer dans AC Shadows tient du parcours du combattant. Dès qu’on quitte les sentiers battus, la nature devient hostile au joueur. L’escalade, pourtant un pilier emblématique de la série, se révèle ici particulièrement indigente : sauts mal calibrés, glissades involontaires, champ de vision réduit… Tout semble pensé pour décourager l’ascension, au point qu’on en vient à gravir falaises et reliefs escarpés à dos de cheval, comme ultime recours.
Plutôt que d’inviter à l’exploration, le jeu semble tout faire pour qu’on l’évite. Ça tombe bien : la fonction de déplacement automatique est omniprésente. On regarde son personnage avancer, parfois pendant plusieurs minutes, sans interaction.
Un monde qui fait tapisserie
Visuellement, c’est magnifique. Les décors sont souvent superbes, voire franchement éblouissants quand le vent se lève. Les variations météo, crédibles et bien pensées, viennent injecter de la vie dans l’archipel nippone. L’environnement change, mais l’émotion reste absente.
Le monde ouvert, pourtant immense, ne génère pas le sentiment d’aventure. Tout y semble artificiel, posé là pour cocher la case. Le level design des forteresses relève un peu le niveau, avec des structures bien pensées tout en verticalitées, des lignes de vue intelligentes et quelques bonnes idées d’infiltration. Sans pour autant atteindre le niveau de ses maitres en la matière, à l’instar des escarmouches.
American ninja
Côté combat, le jeu lorgne sur les productions japonaise… sans en avoir le mordant. Les affrontements sont lents et les animations longues à en perdre la sensation d’impact. L’ensemble renforcé par des timings de parade grossier. Et pas d’attaque sautée… quelle indignité.
La dualité de gameplay entre les deux protagonistes, Yasuke et Naoe, a de quoi séduire. L’un brutal et frontal, l’autre furtive et agile : ça marche ! Mais techniquement ça grince, chaque changement de personnage e par le menu pause, suivi d’un chargement. Cette lourdeur systémique plombe l’intention de complémentarité, douze ans après GTA 5… monsieur Pujadas.
Tu fais chier, c’est japonais ça, non ?
Narrativement, c’est 50% médiocre, 50% able, 100% osef. Le choix de tendre vers une narration environnementale est bancale et poussif, amenant rapidement à adopter une forme plus classique d’interface permise par une grande modularité.
Qu´est-ce qu’il y a, les raccourcis te font peur ?
Quelques éclaircies dans ce ciel morne : les options d’accessibilités sont nombreuses, le gameplay modulaire permet d’adapter le jeu à nos désirs, qui d’une lame d’assassin qui one shot, qui des icônes indiqués directement sur la map ou encore l’automatisation des infâmes QTE musicaux. En guise de cerise, le mode photo est parfaitement calibré pour capturer les instants de grâce.
Verdict
Assassin’s creed shadows est un jeu paradoxal. Somptueux, mais creux. Il donne parfois l’impression d’être un hommage à l’aventure, mais oublie trop souvent d’en être une lui-même. Et pourtant, malgré tous ses défauts, ##AC Shadows## reste étonnamment plaisant à dérouler. Sa grande modularité permet de lisser bien des aspérités : en le calibrant selon ses propres attentes, on parvient parfois à faire émerger une expérience envoûtante, presque hypnotique, comme si le jeu, enfin à l’unisson avec son joueur, révélait son véritable potentiel.
+ Points positifs :
• visuellement superbe
• level design des forteresses soigné
• options d’accessibilité complètes
• mode photo au top
• météo dynamique crédible et bien intégrée
– Points négatifs :
• traversal laborieux et frustrant
• gameplay flottant
• combats mous et peu précis
• scénario inégal et peu engageant
• manque le sentiment d’aventure
Une check-list de luxe pour les amateurs complétionnistes.