L'idée de base de Winchester 73 est tout simplement géniale.
Si on y suit bien des hommes, le vrai fil conducteur reste cette arme mythique de l'Ouest, allant ici jusqu'à changer de main plus d'une dizaine de fois, et devenant un protagoniste à part entière.
Si Winchester 73 s'inscrit bel et bien dans une veine classique du western, il en est un grand représentant, avec un Anthony Mann montrant une parfaite maîtrise de tous les éléments. Il s'appui sur un scénario aussi intrigant qu'intéressant et surtout bien ficelé, nous emmenant dans une sorte de course-poursuite ionnante et ne manquant pas de rebondissements. Il permet au cinéaste américain de jouer avec les personnages, d'utiliser le temps et les espaces pour mieux les rendre intéressants ainsi que surprendre le spectateur.
Ils sont intrigants et bénéficient d'une certaine profondeur et surtout, d'un é douteux régulièrement utilisé par Anthony Mann. Il créé des tableaux humains saisissants et parfois ambigus, mettant en scène la vengeance ou le poids du é et l'image d'un Wyatt Earp (que l'on peut voir comme une e d'arme avec John Ford) voyant débarquer une jeunesse plus violente que jamais. De plus, il fait de Winchester 73 un magnifique paysage de l'Ouest américain selon l'imaginaire collectif, où l'on peut voir des cow-boys virils en pleine action, la fonction de Marshall, les Indiens, les bandits, des duels ou encore les tuniques bleues. Il met aussi en avant l'importance des armes dans l'histoire américaine, ce qui donne une résonance particulière avec ce que vit ce pays aujourd'hui.
C'est aussi avec ce film et en 1950 donc qu'Anthony Mann entame une collaboration avec James Stewart pour une série de westerns, et ce dernier impose charisme, posture forte et jeu parfait pour ce rôle. Plutôt frêle, il propose une figure différente dans ce genre si codifié, et se révèle assez bien épaulé, notamment par Shelley Winters et Stephen McNally en méchant mémorable (par contre, le choix de Rock Hudson en jeune indien est assez étrange pour ne pas dire mauvais !).
Mann trouve toujours la bonne alchimie entre tous ces personnages, notamment celui féminin qui parvient à s'imposer dans ce monde cruel et masculin. Il démontre tout son talent derrière la caméra, tant pour créer une atmosphère prenante et intense, que pour capter de magnifiques et vastes paysages, ainsi que mettre en scène des duels et courses-poursuites mémorables, à l'image du concours pour la Winchester. Il fait preuve de nombreuses bonnes idées, tandis que la musique est riche et variée, et colle parfaitement à une photographie en noir et blanc adéquate pour ces nombreuses séquences nocturnes.
En signant Winchester 73, Anthony Mann signe un archétype du western sombre et classique, proposant une traque avec une arme comme fil conducteur, s'appuyant sur de formidables comédiens ainsi qu'une mise en scène à la hauteur de la qualité d'écriture, et maîtrisant tous les éléments du genre, de la photographie à l'action en ant par la bande originale.