Sur l’écran des faux semblants s’ouvre une fenêtre sur crime. Entre pulsion et obsession, emboitements monstrueux de la figure du double. Un thriller très « hitchcockien » de Brian De Palma. En effet, même s’il ne copie pas le maître, il en assume l’inspiration avec son propre style : on y retrouve autant le thème du dédoublement de la personnalité de Psychose, le double rôle de Vertigo que les références au voyeurisme de Fenêtres sur cour.
Chez De palma On trouve la fascination du double , l’opposition entre bien et mal , la question du regard ; il fait usage du split screen avec maîtrise pour faire figurer sur un même écran, simultanément, une action avec deux points de vue ), que de maintenir le suspense dans deux actions ou un procédé pour illustrer le dédoublement .Le split sreen nous renvoie à une mise en abyme des images , à l’emboîtement des regards.
Le film aborde tout d’abord la thématique du double et du dédoublement à travers la figure des sœurs siamoises, une figure qui appartient au registre du monstrueux, car les deux sœurs qui sont de vraies jumelles, double l’une de l’autre, sont surtout sœurs siamoises , ( deux corps non séparés et communiquant alors que deux identités opposées émergent) Être siamoises c’est être issues d’un processus de dédoublement qui est inachevé, animées par une tension entre ce qui serait l’unité (un corps et une psyché) et la dualité (deux corps, deux psychés). Quand les 2 filles ne sont pas séparées physiquement, liées par ce corps qui les rend indissociables, elles aspirent à se différencier .Chacune aspire à la séparation car leur relation est construite sur l’antagonisme, le contraste, l’une par rapport à l’autre. Lorsqu’elles sont séparées par une opération, avec la mort d’une des deux sœurs, la question du double refait surface chez celle qui survit : à l’intérieur de ce corps unique restant s’opère une fusion des deux sœurs, les deux personnalités finissent par coexister dans le même esprit et le même corps (à l’impossible différentiation, l’impossible séparation corporelle succède la schizophrénie)