Chaque jour suit un schéma familier pour Hirayama (Kōji Yakusho), un homme réservé dans la soixantaine. Il commence sa journée dans un appartement simple, accueilli par la lumière grise et hésitante avant l'aube. Après avoir enfilé sa combinaison, il prend une canette de café dans un distributeur automatique de rue et part dans sa petite camionnette pour nettoyer avec diligence les toilettes publiques de Tokyo. Sa routine est marquée par la solitude, Hirayama pouvant er des jours sans prononcer plus que quelques mots brefs. S'il est remarqué par le public, il est largement considéré comme une gêne, bien que la plupart des gens n'acknowledgen même pas sa présence. En surface, cela pourrait ressembler à un film profondément sombre, semblable à une routine de Groundhog Day avec ajout de désespoir et de gâteaux urinoirs. Cependant, l'exploration zen de Wim Wenders sur la beauté, l'épanouissement et la simplicité est étonnamment le contraire, une représentation poignante et inattendue de l'affirmation de la vie. Le message profond du film dépend de la perspective, soulignant que Hirayama regarde le monde avec ses yeux mais voit réellement avec son cœur.
Le titre original du film, "komorebi", se traduit par "lumière du soleil filtrant à travers les arbres". Au-delà de sa signification littérale, il transmet une profonde connexion avec la nature, soulignant l'importance de faire une pause pour absorber et apprécier la perfection de détails apparemment insignifiants. Hirayama comprend non seulement ce concept, mais en a fait la pierre angulaire de son être. Il perçoit toutes choses et toutes les personnes comme également importantes, possédant une capacité égale à la transcendance. Alors que d'autres ignorent un vagabond installé dans un parc, Hirayama s'émerveille devant la danse unique de l'homme en quête d'expression de soi. Même les toilettes, modestes dans leur but, deviennent des joyaux architecturaux à ses yeux discernants.
L'existence austère de Hirayama se résume à l'essentiel : de la musique provenant de cassettes collectées dans sa jeunesse, des livres d'occasion provenant de la section bon marché de la librairie locale, un appareil photo argentique capturant des moments de plaisir, et l'interaction entre le ciel et les arbres. Les arbres, en particulier, ont une signification particulière pour Hirayama, comme en témoigne son sauvetage méticuleux de fragiles semis d'érable japonais qu'il prend soin de cultiver dans son appartement.
Le choix de la musique est tout aussi crucial pour comprendre le voyage de Hirayama. Il s'immerge dans les sons du rock américain et britannique des années 60 et 70, avec des artistes tels que le Velvet Underground, les Kinks, Otis Redding et Patti Smith, aux côtés de la folk japonaise de la même époque. Les chansons sélectionnées, notamment la piste de Lou Reed qui donne son titre au film et "Feeling Good" de Nina Simone, servent de fenêtres sur son âme à différents moments. Malgré des indices d'une vie antérieure plus privilégiée, Hirayama a trouvé l'harmonie. Ce sentiment de paix et d'équanimité, rare pour un personnage central dans un film, défie la focalisation cinématographique habituelle sur le conflit et la discorde.