Parfois, ça fait du bien de ne pas se prendre la tête.
C'est le défi que relève Partir un jour, un "feel good movie" à la française qui assume pleinement sa simplicité, ses références musicales, son histoire classique vue et revue, son ambiance légère et ses chorégraphies potaches. A aucun moment, le film cherche à se faire er pour ce qu’il n’est pas. Et ça fait du bien. Mieux encore, la réalisatrice parvient à injecter une fraîcheur inattendue à ce canevas classique, grâce à un sens précis du rythme comique et à la sincérité de ses interprètes.
On y suit une génération de millenials, des "jeunes-vieux" déjà nostalgiques de leur époque, qui chantent un peu fort, parfois un peu faux, mais avec un sens de l'interprétation toujours juste.
Juliette Armanet sonne aussi juste en chanteuse qu’en actrice. Bastien Bouillon, qu’on connaît surtout dans des rôles plus sombres (La Nuit du 12, Le Comte de Monte-Cristo), campe ici un trentenaire charmeur, immature, mais terriblement attachant. Ne pas oublier Amandine Dewasmes qui interprète une sage-femme discrète mais profondément humaine. En quelques mots chantés à sa première apparition, elle parvient à toucher avec douceur. François Rollin, en revanche, semble plus en retrait. Son personnage, un peu trop écrit, tourne à vide et reste dans la caricature.
Dans sa construction, le film reste néanmoins très académique. On alterne entre des scènes de fête tournées caméra épaule et des moments plus posés, fixes, lorsqu'il s'agit de scènes plus dramatiques. C’est sans doute du déjà-vu, surtout pour une ouverture cannoise, mais certaines idées de mise en scène ne sont pas non plus à négliger. Je pense notamment à ce plan où Sofiane, assis, les mains tes sur sa bouche pour se retenir de parler, attend que sa femme lui annonce sa grossesse. Le ventre en amorce nous fait comprendre ce qu'il ressent, l'objet de son obsession et surtout sa frustration. Un plan simple mais évocateur.
Je pourrais également citer la scène des adieux à la moto. Le bruit du moteur qui s’éloigne, emportant avec lui ceux du camion, du vent, des oiseaux… Pendant un instant, tout devient silencieux. Avec Raphaël, une part de Cécile s’en est allée.
Un mot sur la lumière, signée David Cailley (récemment récompensé aux Césars), qui ajoute une patine électrique très 90s-00s. Un parti pris esthétique simple mais cohérent.
Partir un jour montre une modeste, ordinaire, qui regarde Top Chef et fait la fête en buvant des bières autour d’un feu. Il évoque aussi une jeunesse des années 2000, américanisée, influencée par le cinéma, fantasmant des amourettes au bord de la patinoire.
Ainsi, le film d'Amélie Bonnin ne cherche pas à réinventer le cinéma. Mais dans sa modestie, le film touche à quelque chose d’essentiel. Il nous parle du temps qui e, de l’amour, du poids du é, et de la nécessité, parfois douloureuse, d’avancer. Une œuvre sans prétention, mais sincère. Et c’est peut-être là sa plus grande réussite.