On reprend presque les mêmes, on en ajoute beaucoup d'autres et on recommence. En effet, la réalisatrice Amélie Bonnin adapte, sur une durée de 98 minutes, son court-métrage — datant de 2021 et lui ayant valu un César — qui porte le même titre. La thématique principale est identique, à savoir que le temps et la distance peuvent être les pires ennemis d'un é amoureux. La grande différence scénaristique, c'est que cette fois, c’est la femme qui est partie et le mec qui est resté.
Jacques Demy et Alain Resnais semblent avoir inspiré la réalisatrice par la manière dont les parties chantées, comme des dialogues, comme du karaoké, peuvent débarquer au détour d'une séquence a priori banale pour révéler l'état d'esprit des personnages. Stromae, Michel Delpech, Yannick, Dalida, K. Maro, Axelle Red, Claude Nougaro, Céline Dion et, évidemment, les 2Be3 sont cités. Cela aurait été bien aussi d'intégrer Les Lacs du Connemara de Michel Sardou, non ?
Bon, vanne à part, je commence sur les quelques maladresses d'écriture : certains personnages secondaires (la bande de potes, le chien trop mimi et surtout l'épouse du mec — cette dernière aurait pu offrir une profondeur supplémentaire à l'histoire !) auraient pu être plus exploités ; le test de grossesse dans la réserve des cuisines d'un restaurant gastronomique en plein entrainement de rush — sérieux ? — ; le fait que le seul moyen de locomotion semblant exister pour accéder à un relais routier du Grand Est, à partir de Paris, est de s'y faire conduire par un camionneur ; le prétexte pour revenir, qui est un peu léger... OK, le père a eu une énième crise cardiaque, mais il n'est pas à l'article de la mort — pour me concentrer ensuite sur les quelques belles petites qualités de l'ensemble.
irablement secondé par l'interprétation des comédiens — particulièrement Juliette Armanet, agréablement gouailleuse, et François Rollin, toujours au top de sa forme dans le sarcasme — et par des cadres réalistes, ne puant pas le studio à des kilomètres, le film d'Amélie Bonnin arrive à faire partager et ressentir les états d'âme complexes, donc d'une grande vérité, de ses personnages, auxquels on s'identifie facilement. Certes, les personnages vont être amenés à évoluer (des remises en question sont inévitables !), mais ce n'est pas pour autant que la cinéaste tombe dans le piège scénaristique grossier de vouloir vainement réparer l'irréparable, d'apporter des solutions là où il n'y en a pas forcément. C'est un très bon point.
Voilà, c’est sur cette note positive que je termine cette critique.