Représentant du Nouveau Cinéma, Alain Resnais a toujours voulu déconstruire son septième art. Il est vrai que sa formation de monteur ressort plus que tout dans mon oncle d'Amérique avec une constellation de scènes fabriquées. La voix off, le récitant et les scènes de cinéma classique s'imbriquant avec du bricolage sont autant de procédés où l'expérimental l'emporte sur la cohérence cinématographique. Je n'y suis vraiment pas sensible car c'est un cinéma élitiste qui se regarde évoluer, fier de ses nombreuses dissonances et finalement très froid. Une machinerie comme Buffet froid est nettement plus vivante et moins artificielle que Mon oncle d'Amérique. Pour savoir déconstruire,il faut savoir susciter de l'intérêt et là je n'en ai trouvé aucun. Le casting est prestigieux, le talent de Resnais est certain en tant que technicien du film mais la démonstration intellectuelle saoule,lasse inévitablement. L'intérêt du cinéma depuis sa création est d'être un art en mouvement et tout verbiage ambitieux, toute sophistication poussée le dénature. La catastrophe de mon oncle d'Amérique est de vouloir mélanger trois portraits de personnages et de vouloir relier leurs destins à une forme de démonstration scientifique. Entreprise moraliste, beaucoup trop ambitieuse et vraiment trop hermétique. La durée du film est aussi trop longue pour la thématique qu'il défend. Une heure trente aurait été largement différent pour diff le message beaucoup plus concrètement et susciter un minimum d'intérêt. J'attends de voir un film de Resnais qui me parle depuis On connaît la chanson où le original n'était pourtant pas de lui. Serai je exaucé?