Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de la maison bourgeoise des parents d’Adrienne, les enfants jouant dans le parc avec leurs cerceaux ou encore la scène finale de l’Exposition Universelle de 1889 font que vous vous retrouvez immergés avec bonheur et délice dans cette deuxième moitié du dix-neuvième siècle.Au niveau du fond proposé, Eiffel est un biopic alternatif remarquable et le rappelle dès son ouverture par un « librement adapté de faits réels. Ainsi, l’histoire d’amour ée et renaissante entre Gustave et Adrienne donne un élan romanesque pour que la Tour ne prenne pas toute la place et qu’Eiffel ne soit pas seulement vu avec ses dessins, des rivets ou dans des situations de travail avec ses équipes d’ingénieurs ou d’ouvriers. L’idée est intéressante et le spectateur se plonge quand même dans cette réalité « inventée »avec entrain.J’ai trouvé bien joué certaines propositions comme imaginer la relation de Gustave Eiffel avec sa fille ou de montrer les coulisses de la construction de la Tour dans la douleur ( autorités ne suivant pas, presse démontant le projet). Ce dernier côté est justement idéal pour éviter les lieux communs sur la sucess story de la Tour Eiffel et de la présenter hors du contexte de rayonnement à travers le monde.Au départ, et le film le rappelle à propos, la création puis l’avènement de la Tour est une histoire bien française en 1886 et rien d’autre. Le trio d’acteurs principaux ( Romain Duris, Emma Mackey et Pierre Deladonchamps) est superbe et leurs interprétations de leurs personnages tellement habitées.Je regrette juste que la rivalité entre les deux hommes pour Adrienne n’ait pas été plus développée. Des scènes plus musclées entre l’architecte et le journaliste n’auraient pas été de trop. En tous cas, Eiffel est un vrai plaisir de cinéma pour les yeux et dans une dramaturgie sans temps morts.J’espère que le public sera au rendez-vous car sa réalisation mérite le détour tout comme son regard inspiré sur la fin du dix-neuvième siècle.