Last action hero

Mettons de côté un moment les habituelles piques dérisoires systématiquement adressées à Tom Cruise, son ego supposé démesuré, sa volonté de convertir les films à sa gloire et sa secte maudite, voulez-vous ?

Car il s'agit de cinéma, après tout, et que personne, à ma connaissance, n'est obligé d'acheter un ticket pour se faire souffrir devant un tel objet de détestation.

D'autant plus qu'apparemment, Dead Reckoning – Partie 1 en avait refroidi pas mal ici.

The Final Reckoning, à vue de nez, ne risquera pas d'inverser la tendance, loin de là.

Le masqué, lui, avait plutôt apprécié, il y a deux ans, les nouvelles cabrioles d'Ethan Hunt, tout en relevant que le grand méchant immatériel enlevait une partie du suspens normalement inhérent à la série, ayant toujours un coup d'avance sur l'équipe de l'IMF et que le film s'en trouvait comme prisonnier.

Sur ce point, The Final Reckoning réussit à inverser la tendance en restaurant cet art difficile de la tension malgré son antagoniste principal aussi immatériel qu'omnipotent. Dommage que cela, cependant, soit au prix du sacrifice de Gabriel, qui ne fait que jouer les utilités sans s'inscrire pleinement comme une menace prise au sérieux...

Et puis, sans soute vous parlera-t-on de certains dialogues assez lourds et épais qui, en effet, pourront parfois agacer, il faut bien l'avouer.

Mais une fois és ces deux écueils, The Final Reckoning donne quand même beaucoup, et même plus, pour conclure la saga Mission : Impossible en beauté et l'inscrire, avec le renouveau de La Planète des Singes de Rupert Wyatt et Matt Reeves, comme une redéfinition des canons de qualité des blockbusters sériels modernes.

Et ce qui frappe immédiatement durant la séance, c'est l'atmosphère très sombre, voire funeste, en raccord avec la fin du monde qui ne cesse d'être prophétisée et montrée à Ethan Hunt. Et il sera surprenant de constater que la lutte des plus modernes contre les IA et autres programmes devenus incontrôlables soit illustrée, à l'écran, tant par l'imaginaire actualisé d'un James Bond, que par l'imagerie des films de guerre froide des années 70/80 ou par des instantanés d'annihilation tout droit tirés d'un Terminator 3 : Le Soulèvement des Machines, datant lui de plus de vingt ans et dont le film partage le même argument.

On vous parlera aussi sans doute, en guise de défaut, voire de preuve d'une écriture bancale, de ses inserts jugés constants faisant référence à quelques épisodes précédents de la saga. Sauf que The Final Reckoning les gère, il faut aussi le reconnaître, de manière bien plus adroite et satisfaisante que ne l'avait fait 007 Spectre pour ressusciter son organisation criminelle emblématique en mode small teuf... Et cela donne, à bien y réfléchir, un peu plus de substance encore à cet univers.

Et comme d'habitude, il y a cette action aussi folle qu'inspirée, convoquant à la fois cette sensation de vide angoissante et de gravité constante dans un film qui n'aurait peut-être jamais été aussi vertical. Piégeant Ethan Hunt, en effet, dans un sous-marin au cours d'une scène hyper-tendue et diabolique, puis renversant son horizon aux commande d'un antique biplan s'inscrivant aux antipodes de ce que l'on pouvait attendre d'un Mission : Impossible.

Il était sûr qu'en cette matière, The Final Reckoning ne pouvait pas rivaliser avec Fallout, sommet indéable de la sage aux yeux du masqué. Mais avec sa première partie marquée du sceau d'un suspens haletant, et son inventivité constante dans l'action, ce dernier opus ne m'a jamais déçu ni ennuyé.

Et en venant rappeler tout le panache de la saga Mission : Impossible, l'oeuvre permettra enfin de penser qu'il existe, au cinéma, des supposés cultes de la personnalité bien plus détestables aujourd'hui, même au-delà de la réalité réécrite par L'Entité...

Behind_the_Mask, fin du monde contre fin du moi.