Ad vitam aeternam. La mort d’une femme aimée. Un sentiment de perte si intense que le deuil est comme encrypté dans la mémoire. La mise en abyme est vraiment intrigante tant Vincent Cassel ressemble au clone de David Cronenberg. Entre métamorphoses du corps et troubles de l’âme, le cinéaste dissèque les liens unissant vivants et morts, jusqu’aux tréfonds de la chair. Nous sommes dans la DEAD ZONE. (Quelle belle trouvaille que ce linceul connecté, sorte d’armure japonaise qui permet de voir la décomposition de l’être aimé absent au fond de son cercueil) Il y a quasiment deux films en un : un film d'espionnage et un film sur le processus de deuil.
La première partie nous entraîne dans une exploration quasi psychanalytique d’un deuil impossible, le deuil d'un puissant lien charnel. Entre projection fantasmatique, flashes-backs et érotisme de la mutilation, on retrouve l'art qui appartient à Cronenberg. Dommage qu'après autant d'intuitions et d'idées, le film s’enlise ensuite dans une intrigue qui mêle paranoïa, théories complotistes sur fond de technologie numérique révolutionnaire. Les dialogues deviennent presque ennuyeux tant ils sont explicatifs et nous égarent dans une histoire d’espionnage confuse qui perd de sa densité.