Qu'il s'agisse de son scénario qui embrasse sans complexes certaines théories conspirationnistes propres à l'Affaire Dutroux, ou de son approche naturaliste qui assume dans le même temps des saillies ultra-stylisées, il apparaissait évident que le dernier Fabrice Du Welz allait allègrement faire parler et diviser.
Pourtant la note d'intention ne souffre jamais le compromis ni l'ambiguïté. Avant toute prétention à une quelconque fidélité historique, le geste du cinéaste belge s'impose comme une sorte de déflagration punk primale, de cri de rage révisionniste à la Tarantino qui aspire à une efficacité brute de décoffrage et à une catharsis salutaire.
Les procès d'intention sus-cités - qui relèveraient en somme d'un manque de nuance et de recul dans l'approche d'un sujet ô combien scabreux, et d'une mise en scène tape-à-l'œil elle aussi potentiellement inadéquate - deviennent caduques une fois ces considérations de bien-pensance poussiéreuse balayées par la verve démente de Du Welz.
Il convient ainsi d'apprécier Le Dossier Maldoror pour ce qu'il est, à savoir un thriller psychologique dans la droite lignée d'un William Friedkin. Le film déborde d'une énergie frondeuse personnifiée par un Anthony Bajon possédé, bénéficie d'un montage au cordeau qui tend vers l'asphyxie et d'une reconstitution mirifique du terreau socio-culturel d'alors, ressuscitant en l'espace de 2h30 un état d'esprit cinématographique que l'on pensait disparu.