La mort en direct
La mort: un spectacle pour la télévision?
Bertrand Tavernier a réalisé ce film de 128 minutes en 1980. Celui-ci est en fait une adaptation cinématographique du livre The unsleeping Eye écrit par David Guy Compton ( co-sénariste) dont l’histoire parle d’une femme, Katherine Mortenhoe, incarnée par Romy Schneider. Celle-ci apprend un jour de son docteur qu’elle souffre d’une maladie incurable qui lui laisse à peine deux mois à vivre. Même si la maladie de Katherine est inguérissable, son docteur lui transmet néanmoins des médicaments censés réduire la douleur qui l’accompagnera jusqu’à sa mort. D’un autre côté, cette situation fait l’affaire du patron de la chaîne de télévision NTV, Vincent Ferriman, interprété par Harry Dean Stanton et de Roddy (joué par Harvey Keitel) son ami et son adt qui cherchent précisément à filmer une mort en direct. Pour ce faire, Roddy se fait installer une caméra dans l’oeil qui permet à NTV de filmer tout ce que l’adt voit. NTV propose donc un contrat à Katherine. Ils veulent pouvoir filmer la mort de Mme Mortenhoe en direct contre de l’argent. Elle refuse dans un premier temps avant d’accepter afin de calmer les demandes incessantes d’interviews, de photos etc…Dès lors, une autre histoire commence, des complots et des trahisons ainsi que des retournements de situation se succèdent pour aboutir à une fin tragique dont la morale est très forte.
Une particularité de ce film se trouve dans son rythme qui s’accélère petit à petit. Certains y verront un point négatif et jugeront le début du film trop lent. Cependant, cette accélération donne une intensité dramatique au spectacle et rend la fin imprévisible. Une autre spécificité de ce film que je trouve très intéressante est le fait que La mort en direct est un film qui dénonce les dérives des médias en particulier ce qui deviendra quelques années plus tard un élément essentiel de la télévision, à savoir la télé-réalité. Il évoque aussi la course à l’audience qui se fait au détriment des principes éthiques du journalisme. Ainsi, la vie privée des personnes et leur intimité ne sont plus respectées. Tournée en 1980, à une époque où la télé-réalité n’avait pas encore envahi nos écrans, cette oeuvre cinématographique a indiscutablement un caractère avant-gardiste. S’agissant des acteurs, ils incarnent leur personnage avec beaucoup de crédibilité. Romy Schneider joue avec une grande authenticité, notamment lors d’une scène au début du film où elle simule un malaise. Quant à la prestation de Roddy, elle est impressionnante en particulier dans les dernières scènes lorsqu’il
s’en prend au producteur de l’émission.
Même tragique, l’épilogue du film donne le sentiment que les valeurs morales triomphent des dérives de la télévision. Cette fin nous invite à réfléchir sur ce sujet. Pour toutes ces raisons, je recommande ce film qui marque à coup sûr les esprits.