Alors dans la dernière partie de sa carrière, John Ford livre ce que certains considèrent comme son testament politique, The Last Hurrah. On retrouve typiquement ce qui peut intéresser Ford à ce moment-là, un homme du é qui tente de survivre dans un monde qui n'est plus le sien.
C'est dans une campagne politique que le cinéaste nous emmène, sublimant un Spencer Tracy qu'il tenait absolument à avoir, et ce ne fut pas facile, pour ce rôle. C'est toujours extrêmement plaisant de découvrir un John Ford, de retrouver des personnages atypiques mis en scène avec humanisme ainsi qu'une science du cadrage et du détail faisant de chaque plan une composition visuelle unique et ionnante.
Une canaille compétente face à un imbécile manipulé
Bien qu'il n'offre pas spécialement matière à réflexion, sa vision politique et sociale demeure ionnante, axée sur la démocratie, le pouvoir et les méthodes pour y parvenir. Il dresse le portrait d'une Amérique divisée, évoque la bourgeoisie, les religieux, les prolos, et au milieu de tout ça, un Spencer Tracy attachant, connaissant très bien les rouages de la politique, parfaitement interprété. Il n'y pas d'illusion dans la vision de John Ford, on comprend assez vite que l'adversaire est un imbécile manipulé, mais qui va profiter de nouvelles technologies telle la télévision.
Il y a un côté "dernière bataille" dans cette histoire, qui dée le simple cadre politique et est ramené à l'échelle humaine par un Ford toujours intelligent dans sa mise en scène, évitant les gros sabots malgré l'humanisme qui émane du camp de Spencer Tracy. Sa représentation de la société n'est pas sans émotion, et se révèle ionnante tant, au risque de me répéter, chaque enjeux est réduit à une taille humaine. C'est d'ailleurs un point intéressant, car bien que Ford montre beaucoup d'empathie envers son protagoniste, il n'oublie pas les magouilles qui peuvent se cacher derrière.
La beauté du film se trouve aussi dans la façon dont est décrit cet homme, avec une vie privée minée par la solitude, mais un homme politique toujours entouré, avec une cour toujours prête à se plier en quatre pour lui. C'est simple, beau et intelligent. D'ailleurs l'adversaire de Tracy est, de mon point de vue, représentatif de la politique actuelle, montrant que ceux qui nous dirigent vraiment ne sont guère que des marionnettes.
En 1958, John Ford entame sa dernière partie de carrière, et il sublime Spencer Tracy pour The Last Hurrah, vision à taille humaine d'une campagne politique à l'ère des nouvelles (pour l'époque) technologies et méthodes, un grand et beau film.