L'amour c'est surcoté : Mourad Winter adapte son propre livre et, bien entendu, son titre n'est pas à prendre au premier degré. Tout au contraire, puisqu'il s'agit in fine d'une comédie romantique, formellement et textuellement à mille lieux du New York-Miami de Capra mais qui use fondamentalement des mêmes ressorts. Le film n'est pas si mal en matière de mise en scène mais ce sont ses dialogues et ses situations qui sont peaufinés, avec des punchlines méchantes toutes les deux phrases, dans une crudité parfois trop systématique et un humour qui s'amuse avec le racisme, la misogynie, l'identité sexuelle, etc, d'une façon tellement outrancière qu'elle ne choque point, quoique la surenchère finisse par devenir lassante. Comme de bien entendu, il y a des morceaux de mélancolie et de tendresse dans tout cela, avec les thèmes du deuil et de l'amitié, entre autres, abordés avec un peu de délicatesse, histoire de montrer qu'il y a des sentiments dans un contexte de "Qui aime bien charrie bien." Reste qu'il s'agit d'un produit à consommation immédiate, dans l'air du temps, et dont les mots spécifiques de l'époque seront peut-être incompréhensibles dans plusieurs décennies. Qu'importe, la joyeuse troupe qui anime le film (mentions spéciales à Laura Felpin et à Benjamin Tranié) prend manifestement du plaisir à jouer et le public plus spécifiquement ciblé devrait apprécier, sans modération.