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Le film commence. Enfin… il démarre, il clignote, il hésite. Un peu comme un rendez-vous Tinder qu’on n’assume pas tout à fait. L’Amour c’est surcoté s’ouvre sur deux trentenaires cabossés qui tentent de recoller les morceaux d’une vie sentimentale qu’ils n’ont peut-être jamais vraiment eue. Elle (Laura Felpin), agacée d’avance par le romantisme ambiant. Lui (Hakim Jemili), allergique à l’engagement mais accro à ses propres vannes. On comprend vite : ça ne finira pas bien. Et ça ne commence pas très fort non plus.
Mourad Winter avait peut-être une idée. Une envie d’uppercut doux-amer, entre introspection et punchlines. Mais sa mise en scène se fond dans la nappe. Tout est si sage qu’on croit regarder une pub Monoprix version longue. Où sont és les plans qui transpirent, les choix qui dérangent ? Perdus dans une lumière aussi neutre qu’un brunch vegan à Montreuil. À vouloir filmer la banalité, il a filmé… la banalité.
Cela dit, il reste Felpin et Jemili, qui ne trichent pas. Elle apporte ce mélange de tendresse acide et d’ironie fatiguée qui donne au film ses rares moments d’éclat. Lui, fidèle à lui-même, dribble entre les phrases avec une aisance de stand-upper en jogging. Ce n’est pas toujours fin, mais c’est vivant. Parfois.
On sent que Winter veut gratter sous la surface, mais il utilise une brosse à ongles. L’amour ? Déconstruit. Les hommes ? Perdus. Les femmes ? Sarcastiques. Les dialogues ? Des tweets à peine déguisés. On rit, une fois ou deux. On soupire, un peu plus souvent.
Le film prétend tirer sur la corde des codes de la comédie romantique… mais finit par en jouer la partition sans crier gare. Ce n’est plus une subversion, c’est un karaoké mou. Et pourtant, derrière l’ironie, une sincérité. Comme un ado qui cache son journal intime sous un t-shirt Nirvana.
Bref, L’Amour c’est surcoté, c’est une autofiction molle, une satire qui manque de dents, un cœur qui bat mais qui doute. Ce n’est pas raté. Ce n’est juste pas assez. L’amour est peut-être surcoté, mais l’effort, lui, ne l’est jamais.