Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura culte, sa qualité d'écriture, son cast, son côté outsider devenu grand. La dernière saison avait partagé le public : moins humoristique, moins épisodique, plus sérieuse, plus "scénarisée". Il avait été dit que le film allait prendre la même direction avec, clairement, une horde d'aficionados prêts à tout pardonner.
L'intrigue suit donc son cours : Arthur est en exil, Lancelot règne sur Camelot, les chevalier de la Table Ronde sont dispersés, certains organisent même une résistance quand d'autres coulent des jours peuplés d'ennuis et de leurs problèmes habituels. Cette intrigue se regarde agréablement, avec son lot de rebondissements... hélas tranquillement filmés. S'il persiste (forcément) une touche humoristique omniprésente, des répliques cinglantes, une poignée de très beaux plans et de jolis décors, force est d'ettre qu'il manque une réelle dimension cinématographique, du vrai spectacle de cinéma avec un sens du découpage, du rythme et de la scénographie.
En dépit d'efforts notables, Astier n'arrive pas à rendre son projet grandiose, impressionnant, visuellement mémorable. La moitié du film ressemble à des extraits de la série TV, l'autre à un long-métrage plus cheap que prévu, notamment au niveau des cadrages hasardeux, de la musique parfois placée n'importe comment, de rôles sporadiques pour ne pas dire inutiles (Lionnel Astier, Jacques Chambon, Audrey Fleurot) et du tristement sérieux manque d'exploitation du nouveau format ciné. Plus pépère que déjanté, plus sobre que grandiloquent, ce Premier volet n'est ni la comédie de l'année, ni le chef-d’œuvre espéré, juste la prolongation de quatre ans d'aventures hilarantes menée (pour la première partie) sur un autre format pas encore maîtrisé et ça, c'est déjà pas mal.