L'oeuvre originelle de Sacha Guitry est plutôt brillante. Dès lors, le film de Bernard Murat avait peu de chance d'être à la hauteur, sauf à faire des choix radicalement différents de mise en scène. Si les interprètes ne déméritent pas, si Belmondo, dans le rôle-titre, est convaincant (mais pas au point d'effacer le souvenir de Guitry dans ce même rôle de Désiré), il reste que le sujet apparait, ici, un peu léger.
Plus que la relation entre les quelques personnages de la pièce, ce sont les considérations très personnelles, théoriques et pratiques, de Guitry sur le rapport entre l'employeur et ses domestiques qui amusent et font l'intérêt du sujet. Ce n'est pas ici le bourgeois qui juge son personnel de maison mais le domestique qui disserte avec maturité sur son patron, au point que l'ascendant social semble s'inverser. C'est dans cet esprit que la patronne s'amourache de Désiré.
Ce point de vue original permet à l'auteur Guitry une floppée de bons mots dans laquelle se manifeste son spirituel sens du paradoxe. Le metteur en scène de théatre Bernard Murat s'efforce de coller au texte et, à la fin, imagine
les aveux ionnés et coupables
de Désiré et Melle Odette sous un angle étonnamment romantique, un peu vain sans doute, même si Fanny Ardant y e joliment de la cocotte à la femme amoureuse.