Ce film est connu aujourd'hui pour le coup de gueule de Bebel au journal télévisé lors de sa sortie en salles. L'acteur exprimait ionement sa déception de ne pas etre distribué comme un blockbuster, mais son produit était difficilement vendable, même pour un telefilm du samedi soir. Details ci-dessous.
Il s'agit d'abord de théâtre filmé avec comme seule difference une prise de son rapprochée permettant un jeu plus naturel (mais le dialogue reste theatral). La piece de theatre choisie est une vieillerie sous-écrite de 1927 qui ferait un sketch de 5 minutes peut-être plaisant, mais étalée sur 90 minutes, mérite de rester a sa place dans le fond de tiroir poussiéreux du domaine public : En effet, la proposition de départ est légèrement cocasse, mais le dialogue est bien plat, les personnages inintéressants, et la trame ne va nulle part (comme toujours chez Guitry d'ailleurs). Cet erztat de pièce de théâtre suffit peut-être au public populaire de 1927, mais en 1995 c'est terriblement anodin et désuet.
Il y a aussi un autre éléphant sous le tapis, c'est que depuis son second accessit (la recompense la plus nulle) au conservatoire, Bebel n'a jamais ete tres doue pour le theatre. Son Kean, ses Fedaux, son Frederique, etaient tous tres primaires, quand a son Cyrano il fut probablement l'un des plus faibles en date a mon opinion.
Son talent reposait sur son charme suave et decontracte que seuls les moyens du cinema pouvaient mettre en valeur. Au theatre, c'est uniquement son aura, ce charisme et cette energie si particuliere, qui lui gagnait les foules presentes, certainement pas son jeu d'acteur trop basique. Sa voix nasillarde et peu porteuse était d'ailleurs l'une des causes de son jeu monotone à la proclamation forcée.
Il est ici heureusement beaucoup plus à l'aise, puisqu'il y a les micros pour le son, mais c'est Béatrice Dalle qui lui vole la vedette : elle parvient mieux à rendre son dialogue naturel, ce qui montre la maitrise très sous-estimée de cette actrice. De toute façon, ils sont tous les deux loin de suffire à maintenir l'intérêt, vu que le reste du casting est sans cachet et que la réalisation ne pourrait être plus mollassonne.
Si on m'imposait d'écrire un remake de Désiré pour le cinéma, je me casserais un peu la tête pour essayer de développer cette idée de départ et que la trame débouche sur des situations plus intéressantes, je retravaillerais tout le dialogue (qui est ici d'un ennui pas possible). Je supprimerai tous les personnages inutiles (comme les invités du dîner et la cuisiniere). Il me faudrait emmêler les jeux amoureux de façon à ce que la tension sexuelle voyage constamment entre les différents personnages. Je mettrai le ministre en direct competition de seduction avec Desire, et trouverai le moyen de tirer partie du sex-appeal de la bonne. Bien sûr, j'essayerai d'inventer un deuxième et un troisième acte, car cette pièce, comme toute pièce de Guitry, ne VA NULLE PART une fois la proposition de départ installée. Il ne se e simplement rien.
Mais comme les producteurs ont opté pour du simple théâtre filmé, je ne vois pas comment ils pouvaient, même avec Bebel dans le rôle principal, espérer en faire un succès populaire à moins de forcer le ministère de la culture à en imposer le visionnage dans les maisons de retraites! Par contre, ils pouvaient rendre la pièce d'origine encore plus mauvaise en y rajoutant une musique encore plus insipide comme fond sonore ! Fallait le faire !
Pour conclure, il y a en général un consensus tres favorable à Sasha Guitry; celui-ci nous est toujours présenté comme un grand dialoguiste, une sorte d'Audiard avant l'heure, alors que sa prose est terriblement banale et ennuyeuse. Ses textes sont en général sans grande invention, et ses histoires ne vont jamais plus loin que le sketch de départ. Rien dans son travail ne mérite une quelconque relecture, à mon avis. Quand a Bebel, il avait une ion pour le theatre ou il n'etait pas tres doué, et si il prend ennormement de plaisir a etre sur scene, le spectateur exigeant y trouve moins son compte a mon avis. ez votre chemin et ne vous vous laissez donc pas dire que des vessies sont des lanternes.