Chouette album. La scène du cauchemar m'avait un peu choqué lors de ma première lecture. Surtout après avoir découvert l'excitation avec le premier tome. Mais il est chouette ce brouillard, c'est vraiment une bonne idée ; je sais plus si c'est une idée sortie de Loisel ou pas, mais ça contraste bien avec le pays imaginaire.
J'avoue que j'ai toujours eu recours à mon imaginaire pour me cacher de la dure réalité de la vie. Combien de fois ai-je imaginé aborder Julie, cette fille dont je suis resté amoureux si longtemps en secondaire ? Combien de fois ai-je imaginé triompher des racailles qui me balançaient des boulettes de papier au cours d'anglais ? J'aimais surtout imaginer, sans doute à cause des mangas que je lisais à l'époque, que sommeillait en moi un être d'une autre dimension qui ne demandait qu'à se réveiller pour partager mon corps me révélant ainsi une destinée épique : je sauvais le monde, Julie y compris, d'une invasion de démons. Ah oui, j'étais jeune, et sans doute un peu sot, un peu naïf. Mais bon, ça me faisait mes nuits, je m'endormais sur ces petites victoires avant de me réveiller pour affronter les râteaux, les boulettes, la vie du quotidien. C'est p'tet pour ça que je fais des BD, pour me replonger dans mon imaginaire. Soit.
Ce second tome est vraiment la suite du premier : on n'apprend qu'en fin d'album la raison de ce kidnapping. En attendant, faut se taper un objectif principal mieux déterminé que dans le premier album. Malheureusement le récit laisse un peu sur sa faim : il ne se e pas grand chose, chaque scène étant un peu trop courte. Les personnages sont sympas, Loisel les exploite avec saveur, mais on en voudrait chaque fois plus. Et puis surtout on voudrait er aux choses sérieuses, savoir pourquoi Peter est là.
Le graphisme est toujours aussi plaisant. Loisel varie ses plans et les construits comme un cadre pour le cinéma. Ses compositions sont très fortes, très dynamiques. Ses personnages ont des attitudes justes et riches. Les décors sont parfois un poil trop encombré mais dans ces cas-là la couleur permet de faire ressortir les éléments importants. Le travail d'ambiance est agréable : la scène de l'Opikanoba rappelle l'ambiance poisseuse de Londres, le reste de l'île est plus chaleureux.
Bref, un plaisir que de lire ce second tome.