Il en fallait de la volonté, de l’imagination, pour entrevoir un après Isaac Wood. Non qu’on ait des doutes sur les qualités globales du collectif, mais la force de présence et d’incarnation du front-man qui oeuvrait sur le coté était il faut bien le reconnaitre l’ingrédient miraculeux qui faisait de la formule une bombe acoustique. Comme des petits soldats, qui n’avaient convenons le point le choix, la troupe a continué sur la route, sur la base d’un tout nouveau répertoire aux qualités plus commune. Clairement on se cherchait. La déflagration avait laissé planer les gros nuages de doute (mais une base bienveillante de fans de la première heure semblait suivre). Ils auront eu la sagesse de tourner 7 fois leur projet sur les planches avant de poser de nouvelles bases à graver sur du vinyl.
Un projet donc tout neuf. Tyler*, aux ambitions affichées depuis le début (il en fallait, autant qu’un Phil Collins après le départ d’un Peter Gabriel), ne tente donc pas l’impossible. Son filet de voix est propre mais commun. Il ne fait pas empreinte (mais notons que le collectif avait déjà essuyé les plâtres avec deux front-men. Donc on ne leur en veut pas de ne pas avoir ouvert un casting). Mais elle peut s’appuyer sur la richesse du collectif, avec ses pupitres moins communs (violon, sax-flute, piano et autre clavier acoustique, guitare classique), une culture musicale individuelle éclectique. Chacun apporte sa pierre. Le plaisir de produire de la musique est évident. Un mariage heureux de titres efficaces, lire « qui visent l’efficacité », mais avec toujours une couleur propre, comme le Beasties qui ouvre l’album (puis traine avec vous); et de choses plus ambitieuses qui pointent juste après cette amuse gueule. Socks, titre multi-couches, nous invite a ouvrir le pavillon de l'oreille. En fin de face A un Two Horses en deux temps commence sérieusement à avoir de la gueule (mariage abouti d'ambition et d'efficience d'écriture). Relance, on veut garder l’oreille de client qui peine à l’effort (il faut dire qu’il est submergé de propositions: des dizaines d’album toutes les semaines. Trop plein), en début de face B avec un Happy Birthday qui fait parfaitement le job, comme son homologue de face A (notons que les deux titres avaient servi de teaser). Qui chauffe l’auditeur pour des plages à venir plus ambitieuses et mécaniquement plus réjouissantes. For The Cold Country en dispute sur ce terrain avec Nancy Tries To take The Night (LE titre qui sur la tournée précédente avait donné bon espoir que quelque chose puisse advenir). Un petit GoogBye un peu anecdotique de trop pour épilogue.
Bilan : un beau courage démontré sur cette galette. Qui affiche quelques saines prétentions. Une vraie proposition. Pas de la proposition pour de la proposition. On ne tire pas dans tous les sens en espérant atteindre une cible ou celle de la snob critique. Cohérence. Il y a un Tout. Une belle exploitation du talent de chacun. Tout à laisser penser au début d’une belle nouvelle aventure. On est réjouit. Et déjà heureux à l'idée de les croiser demain.
* à cet endroit une erreur, car Tyler bien qu'au milieu partage en toute équité le micro avec ses comparses (dont le filet de voix propre mais anonyme n'imprime pas plus)