Saison 1 : Il aura fallu que je m’y mette à deux fois pour vraiment me lancer dans Severance. Mais un conseil, ne vous laisser pas décourager par l’étrangeté et la froide distance du premier épisode, commencez le second et vous ne pourrez plus vous arrêter. Les créateurs de la série explorent brillamment le principe de dissociation et développent des personnages double au départ mystérieux mais qui prennent de plus en plus d’épaisseur. La mise en scène capitalise adroitement sur l’univers visuel singulier de la série, sorte de cauchemar aseptisé, dont les décors d’un blanc éblouissant contrastent avec ce qu’on imagine les noirs desseins qui entourent l’activité de l’entreprise.
Cette intrigante fable psychologique aux portées philosophiques (peut-on vraiment dissocier le corps et l’esprit ?) évolue progressivement en un thriller redoutable et addictif dont le final suspendu donne très envie de voir la suite. Mieux encore, il laisse présager que ses auteurs savent ce qu’ils font et où ils vont (ce qui n’est pas l’évidence à prime abord). Hype justifiée.
Saison 2 : Toujours aussi fou, dérangé et ionnant, Severance rajoute à son concept fantastique une couche sociologique lorsqu’elle interroge le degré de réalité des inters et questionne le statut qu’ils seraient en mesure de revendiquer vis-à vis de leurs exters. Leur quête pour découvrir la vérité après les évènements concluant la saison 1 complexifie un peu plus encore le récit et c’est jouissif. Comment faire interagir un inter avec son exter alors qu’ils partagent alternativement le même corps? Assumant pleinement son côté thriller cette saison 2 explore un peu plus le mystère Lumon, offre quelques clés de compréhension (encore partielles) et délivre des moments de télé assez dingues. Elle confirme surtout son statut de grande série générationnelle. Malgré quelques trous d’air dans le rythme, son final totalement barré et survolté, surprenamment poignant, capture tous les enjeux de la série.