River
7.4
River

Série BBC One (2015)

Quand parler à des fantômes devient plus simple que gérer ses propres émotions

River, c’est la série policière qui te fait te demander si résoudre un meurtre est vraiment l’intrigue principale ou juste une excuse pour plonger dans la tête d’un flic qui a un peu trop de conversations avec… des morts. Stellan Skarsgård incarne John River, un détective aussi brillant qu’il est torturé, et disons qu’il a un petit plus : il voit et parle aux fantômes. Mais attention, on n’est pas dans Ghostbusters, ici les esprits sont plus là pour lui rappeler à quel point sa vie est en ruines qu'à faire des blagues.


Là où River sort du lot, c’est qu’elle n’est pas vraiment une série policière classique. Certes, il y a un meurtre à résoudre – celui de la collègue et amie de River, Stevie, qui devient d’ailleurs son compagnon fantôme le plus régulier. Mais ce n’est qu’un prétexte pour nous montrer les luttes internes de cet homme, qui est aussi perdu dans son enquête que dans ses propres pensées. River est en pleine descente dans sa propre psyché, et toi, tu es là pour l’accompagner dans ce voyage inconfortable où la frontière entre la réalité et l’imaginaire devient aussi floue qu’un brouillard londonien.


Chaque scène est chargée d'une lourdeur émotionnelle. Les fantômes que River voit ne sont pas seulement des hallucinations ; ce sont des reflets de sa culpabilité, de son é et de tout ce qu'il a essayé de réprimer. Et quand on parle de fantômes, on parle de véritables personnages : drôles, effrayants, bouleversants. La relation qu’il entretient avec Stevie, son ex-partenaire, est à la fois poignante et étrange. C’est une dynamique qui brouille les pistes, entre deuil non résolu et dépendance affective.


Visuellement, River est sombre, avec une photographie qui te plonge dans une atmosphère presque claustrophobique. Chaque plan te rappelle que ce n’est pas juste une enquête, mais une exploration de la fragilité mentale d’un homme qui est littéralement hanté par son é. Et puis, il y a cette ambiance froide et mélancolique, typiquement britannique, qui te fait te demander si tout va finir en happy end ou si River va juste se perdre dans ses propres limbes émotionnelles.


Les dialogues sont d'une finesse déconcertante, tout en sous-entendus et en silences lourds de sens. Chaque interaction entre River et ses fantômes, ou même avec ses collègues (qui se demandent clairement quand il va enfin péter un câble pour de bon), est un puzzle émotionnel à déchiffrer.


En résumé, River n’est pas juste un simple "whodunit". C’est une plongée lente et viscérale dans l’esprit d’un homme brisé, où résoudre des crimes semble plus facile que d’accepter ses propres douleurs. C’est beau, c’est étrange, c’est intense, et au final, tu te retrouves à réfléchir plus à la santé mentale de River qu'à l'identité du meurtrier.

8
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le 17 oct. 2024

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CinephageAiguise

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