Le Brésil commence à se doter de véritables talents en ce qui concerne le cinéma, tant dans la réalisation, que dans l'écriture scénaristique, que dans le travail de comédien. Les récents 3%, O Mecanismo, La cité invisible, et Forgotten Valley en témoignent - pour n'évoquer qu'elles, et ne parler que des séries. Et ce n'est pas le visionnage de Personne ne regarde qui pourrait mettre en péril ce constat.
Car cette série est un véritable petit bijou, à la fois d'originalité et de critique.
Car, ce qui se dessine derrière cette histoire d'angélus maladroit, indocile et d'une curiosité insatiable, c'est d'abord une critique acerbe de la religion. A travers les blagues, les gags et les situations rocambolesques amenés par cet angélus sans expérience, sans recul et à l'envie d'apprendre le quotidien des humains ingérable, c'est à une véritable réflexion que nous invite la série. "Personne ne regarde", cela veut d'abord dire : "Vous êtes livrés à vous-mêmes". Alors, cela s'adresse d'abord à ce bureau bourré d'angélus censés veiller à la vie correcte des humains - des humains d'ailleurs souvent ingrats, râleurs et inconscients de leur chance - mais cela s'adresse ensuite et surtout aux humains ! Certes, les angélus se sentent surveillés par leur direction divine, ils craignent l'erreur autant que la sentence, le mauvais travail autant que la punition : ce qu'ils craignent, c'est tout bonnement de décevoir un père divin tellement invisible qu'il les écrase de sa présence. Mais "Personne ne vous regarde", cela veut avant tout dire : cessez de regarder en haut, vous, les humains, si vous voulez que les choses bougent, évoluent, changent, faites-les bouger, évoluer et changer vous-mêmes ; n'attendez pas qu'une supposée force transcendante ne le fasse pour vous.
En ce sens, la série est capable d'une grande force d'analogie et de regard moral et politique. Et c'est bien là son triste défaut : la série annonce une grande force qu'elle ne déploie finalement jamais, encore plus avec l'annulation de sa suite. Et, malgré tout son potentiel social, elle se contente hélas et finalement d'en rester à une simple série humoristique qui cumule des blagues et des gags amenés par un gars avec des ailes. C'est dommage.