Tiens je deviens mesuré. J'ai pour habitude de donner des notes tranchées 0 ou 1 vers le bas de l'échelle et 10, 9, 8, pour les oeuvres que j'aime. Je n'aime pas pondérer par la qualité de l'image ou le jeu des acteurs. Ma note est purement celle de mon appréciation sur l'apport culturel et la vision que dégage l'oeuvre. Soit j'adhère ou j'adhère pas. Donc je critique un propos si je le trouve trop dogmatique, cynique ou qu'il présente un extrémisme qui n'est pas le mien. Oui mon but est très égoïstement de me voir en miroir dans les oeuvres qui me ressemblent ou pas. Si je fais bien mon boulot on peut tout savoir de mes opinions rien qu'au notes que je donne, sans parler des textes commis sur la plateforme.
Pourquoi je dis tout ça ? Ben, pour les auteurs au cas improbable qu'ils voient mon profil et s'offusquent et me trouvent prétentieux. De prétention, il n'y en a aucune, le jugement que je fais n'est NULLEMENT qualitatif. Je respecte profondément le travail de toutes les personnes impliquées : technicien·ne·s, maquilleur·euse·s, acteur·ice·s, directeur·ice·s de la photo, etc., y compris les auteur·ice·s, scénaristes ou réalisateur·ices qui ont investi énormément de temps et une énergie pas toujours bien rétribuée. (Que c'est fastidieux de citer et inclure tout le monde.) D'ailleurs la critique qui pourrait m'être faite, "C'est qui ce frustré qui n'a rien produit de sa vie et qui se permet de mettre 0 à un réalisateur qui a révolutionné le 7e art !" est entièrement justifiée, mon audience "artistique" ne dée pas quelque dizaines de copains et une ou deux oreilles bienveillantes prêtes à écouter quelques couacs de débutant. Aucune légitimité, sauf celle de ma subjectivité.
Tout ça pour dire. Je mets 4 à Mister8 et je pense qu'en d'autres temps j'aurais mis 0 ou 1. Mais bon, à force sa devient malhonnête. Après tout la série je l'ai regardée jusqu'au bout. Donc il y a suffisamment de piment, nouveauté, esprit de l'époque, propos original pour que je me dise "J'en apprends sur mon époque, un pays, une culture", et que ça en vaille la peine.
L'histoire semble donc présenter une expérience de pensée intéressante, un harem inversé une femme et 8 hommes(mais seulement 7 à la fois), une relation polyamoureuse dont les règles sont définies par une femme de pouvoir qui exige de la part de ses amants, honnêteté, absence de jalousie et je ne sais plus quelle 3e condition. Elle réserve un jour à chacun d'eux. L'histoire raconte l'arrivée d'un huitième qui après une affaire d'un soir fini par prendre la place définitive de l'amant du lundi.
Le pitch semble moderne, s'emparant de l'idée du polyamour qui revient très fort dans la population trentenaire. Mais clairement le/les auteurs (je crois qu'ils sont deux finlandais à signer le scénario), ne sont pas du tout des trentenaires. Et ce polyamour-ci représente l'idée que se font les auteurs d'une relation post-#metoo. C'est plutôt touchant, on sent une volonté de casser les codes et de ridiculiser les attitudes masculines, tous sont des espèces de coqs qui ont besoin de gonfler leur ego avec un "talent" qu'ils s'inventent : un sportif, un chef cuisinier, un stand-upper, un bon papa, un poête, un pompier, un chasseur. Le nouveau venu lui est ingénieur.
Ce qui cloche, c'est que c'est bien des sujets de notre temps, donc en plus de metoo, le polyamour, il y a le stand-up, et un chasseur représentant du survivalisme, mais le point de vue reste essentiellement masculin. La satire est réussie du côté des amants qui cachent mal leurs failles derrière leur egos surdimensionnés, par contre, ça ne profite pas au personnage féminin principal qui reste sans épaisseur. Maria reste surtout un fantasme masculin, l'idée un peu cliché qu'on se fait d'une femme puissante. Elle est forcément désirable à tout moment, toujours sure d'elle, et elle évolue dans un monde d'homme ou elle va parvenir à faire sa place.
Les auteurs sont probablement convaincu d'avoir dressé un portrait d'une vraie féministe. Mais ça laisse un arrière-goût de Sardou, le même petit malaise que la "femme des années quatre-vingts" : "jusqu'au bouts des seins" ! Elle est donc parfaite en tout point, mesurée, toujours digne même lorsqu'elle boit, experte en kendo. Elle n'a pas droit au relâchement, la rigolade, ...
C'est vraiment là le problème on ne croit pas en Maria. Le pompier, l'entraîneur sportif devraient représenter des fantasme sexuels féminins. Mais le sportif à du ventre et le pompier n'a que l'uniforme et pas un physique à poser sur un calendrier. En fait, les rendez-vous avec ses amants, ses "dates", ressemblent plus aux prestations d'une escort qu'à la vie éclatante d'une femme qui a décidé de profiter de ses possibilités multiples.
Au final ont se retrouve avec un schéma éculé de 8 machos qui se battent - littéralement avec des batons de kendo - pour une seule femme fatale.
Pour celles et ceux qui connaissent ce film ne e pas du tout le test de Bechdel. Mais il reste une esthétique de film noir et l'humour décalé si particulier de la Finlande et de son humour.