Cette série est un vrai chef d’œuvre des séries télé. C’est vrai, il faut quelques épisodes pour entrer dedans mais une fois qu’on est happé, on suit avec délice les aventures de Don Draper, publicitaire de génie travaillant dans une des agences les plus réputées de Manhattan, Sterling-Cooper, située sur Madison Avenue (d’où le titre de Mad Men). En résumant à l’extrême, c’est l’histoire de publicitaires qui fument et qui boivent, c’est ainsi que le Palmashow l’a résumé dans un de ses sketchs 🤣 !!! Et ça n’est pas totalement faux, avouons-le mais c’est bien plus que ça. Cette série en 7 saisons, parcourt les années qui vont de 1959 (élection de Kennedy) jusqu’en 1971 pour le dernier épisode. En apparence, Draper a tous les signes de la réussite professionnelle et privée : il est marié à Betty, superbe femme avec qui il a deux enfants. Mais voilà, on devine vite qu’il n’est pas celui qu’il prétend être, il a en effet usurpé cette identité de Don Draper. Le spectateur comprend peu à peu pourquoi et comment il en est arrivé là par une série de flashbacks récurrents sur son enfance et sa jeunesse. Sait-il lui-même qui il est vraiment ? Pas sûr du tout tellement il a cherché à fuir son é, jusqu’à se perdre. C’est un homme brillant dans son métier mais ça n’est qu’une couverture pleine de charme, en carton-pâte qui se fissure progressivement. Et ce é va revenir à lui, bien entendu, le mensonge va lui exploser en pleine face, bouleversant la vie qu’il s’était construite en trompant tout le monde. Draper est un éternel insatisfait, accumulant les conquêtes en fonction des opportunités, qui ne sont pour lui que des possessions physiques, un peu comme de simples marchandises ou accessoires , sans s’inquiéter du mal qu’il peut faire autour de lui, cédant même parfois à la violence.
Derrière l’histoire de Draper et de cette agence de pub, c’est un pan entier de l’histoire des États-Unis qui est évoquée, une décennie marquée par de grands traumatismes comme l’assassinat de Kennedy (John Fitzgerald puis Robert), celui de Martin Luther King aussi. Les épisodes de la Guerre Froide apparaissent aussi comme la crise des missiles de Cuba en octobre 1962 (un épisode entier se e durant cette crise qui a failli conduire le monde au bord d’une 3e guerre mondiale), la guerre du Vietnam bien sûr dont les États-Unis ne sont toujours pas sortis à la fin de la série. Au-delà des aspects politiques, « Mad Men » montre avec subtilité les évolutions essentielles de la société américaine, la lutte pour les droits civiques, la place des femmes de plus en plus importante dans le monde du travail (à travers les personnages de Peggy Olson et Joan Holloway) malgré une société qui reste profondément machiste, patriarcale et avec un racisme pas forcément diffus. Les progrès sont pourtant là, difficiles, insuffisants mais bien présents. Une série magnifiquement écrite et interprétée en particulier par Jon Hamm dans le rôle d’un Draper monolithique et complexe. Mais tout le casting est somptueux, aucun(e) n’étant en-dessous.
La fin de la série est époustouflante et on peut la comprendre de nombreuses façons ; je me suis beaucoup posé de questions sur le sens qu’on pouvait en tirer. Une fin ionnante qui se hisse parmi les meilleures qui aient jamais été faites, au niveau de « Six Feet Under », « Les Soprano » ou encore « Peaky Blinders »
Draper est dans une communauté hippie dans laquelle son armure d’homme sûr de lui et symbole de réussite a totalement craqué. Il finit dans une séance de méditation et…il sourit, franchement, ce qui ne lui était jamais arrivé ! Et là…une véritable publicité Coca Cola de 1971 clôture la série ! On peut se dire que ça y est, à peine nées, les valeurs des hippies ont été récupérées par la société de consommation de masse. Et je me suis imaginé Draper en pleine méditation…avoir l’idée de cette pub mythique aux États-Unis. Il entre ainsi dans la légende de sa profession. Il reste viscéralement un publicitaire, avec le cynisme et l’arrivisme qui vont avec ; pas sûr qu’il ait trouvé pour autant le calme et la sérénité dans cette communauté. Draper ou l’homme intranquille, a d’ores et déjà marqué l’histoire des séries.