Saison 1 : 7/10
Voilà une série que j'attendais avec impatience cette année : l'adaptation du roman "L'aliéniste" de l'américain Caleb Carr, publié en 1995 mais dont l'action se situe à la fin du XIXème siècle.
De plus, le showrunner de cette mini-série de 10 épisodes n'est autre que Cary Fukunaga, reconnu auprès des fans de polars pour avoir réalisé la saison initiale de "True Detective".
Nous voilà donc plongés dans le New York des années 1890, cadre idéal pour aborder un certain nombre de thématiques sociétales toujours pertinentes dans le monde contemporain : les débuts de la psychiatrie (à travers le personnage principal du titre), la place de la femme dans cette société patriarcale (via le personnage de l'assistante du commissaire, premier élément féminin à intégrer la police new-yorkaise), la lutte des classes et la naissance de mouvements d'inspiration socialiste, et plus encore l'exploitation de l'homme par l'homme, avec ces enfants travestis et exhibés dans les bordels des bas-quartiers.
Car "The Alienist" reste avant tout un polar, et la scène d'introduction montre le meurtre sauvage de l'un de ces enfants des rues. Le nouveau chef de la police Theodore Roosevelt (lequel à vraiment existé, la série mélangeant personnages réels - comme l'entrepreneur JP Morgan - et héros de fiction) fait assez vite appel à son ami Laszlo Kreizler, aliéniste de profession, pour mener une enquête parallèle à celle de ses subordonnés, que Roosevelt soupçonne de corruption.
La série diffusée sur la chaîne américaine TNT propose donc une longue enquête policière, à la recherche du monstre qui massacre des enfants, en partant de ses motivations d'ordre psychanalytiques.
En ce sens, "The Alienist" s'avère très classique, et ne plaira pas à tout ceux qui recherchent en priorité l'originalité et l'innovation, d'autant que Cary Fukunaga, après une gestion exemplaire de sa trame narrative, a la mauvaise idée de foirer salement son épisode final, laissant les téléspectateurs sur une impression très mitigée.
Dommage, car ce qui a précédé était ionnant, habile mélange de reconstitution soignée, de cliffhangers haletants et de portraits attachants, favorisés par les prestations convaincantes de l'ensemble du casting, à commencer par Dakota Fanning (que je préfère nettement à sa petite sœur Elle), mais aussi Luke Evans et Daniel Brühl (un peu inégal toutefois), sans compter les apparitions savoureuses des guests Ted Levine et Michael Ironside.
Saison 2 : 7/10
Déjà à l'écrit, j'avais trouvé l'intrigue de "L'ange des ténèbres" moins captivante que celle de son prédécesseur "L'aliéniste". Une suite à la trame plus originale, sans doute, mais un peu moins palpitante.
Cette légère baisse qualitative se retrouve dans la série adaptée, dont le romancier Caleb Carr demeure scénariste consultant à l'occasion de cette saison 2. D'ailleurs le format e de 10 épisodes à seulement 8 désormais.
La saison initiale correspondait à la traque d'un serial killer, alors que cette fois notre équipe d'enquêteurs poursuit le(s) ravisseur(s) de plusieurs nourrissons.
La trame narrative se révèle moins linéaire, l'arc principal connaissant plusieurs étapes bien distinctes, relayé par plusieurs arcs secondaires : le gang de dusters mené par le cruel Goo Goo, le sinistre hôpital dirigé par l'affreux Docteur Markoe, la rivalité journalistique avec le fameux William Randalph Hearst (la série perpétuant sa tradition d'inclure de véritables personnages historiques)...
Si les méthodes psychanalytiques du docteur Kreizler sont toujours requises pour déterminer les motivations inconscientes du responsable des enlèvements, dorénavant c'est le personnage de Sara Howard qui est particulièrement mis en avant, histoire de coller aux thématiques féministes dans l'air du temps.
Désormais à la tête de sa propre agence de détectives (uniquement composée de femmes), l'héroïne jouée par Dakota Fanning est au centre de toutes les investigations, reléguant quasiment l'aliéniste incarné par Daniel Brühl au rang de personnage secondaire.
D'autre part, cette saison 2 fait la part belles aux intrigues sentimentales, notamment dans sa seconde moitié : on pourra le regretter lorsque ces élans du cœur ne mènent nulle part (les jeux de regard entre Lucius et Bitsy), mais ce parti-pris peut aussi avoir son charme malgré des dialogues souvent assez plats (le triangle amoureux autour de John Moore, la rencontre de Kreizler avec une consœur séduisante...).
Au final, cette nouvelle salve d'épisodes m'est donc apparue légèrement inférieure à la saison précédente, tout en restant agréable à suivre grâce notamment à un rythme haletant du début à la fin, et à une reconstitution toujours soignée du New York de 1900 (décors, costumes...).
J'ai été heureux de retrouver des héros attachants, même si j'aurais aimé parfois que la série prenne davantage son temps, histoire d'installer des moments de convivialité au sein de la petite troupe, comme Caleb Carr le faisait très bien dans ses bouquins.