Pilote: Super grave attendue (en tout cas par moi), la préquelle du Dragon Rouge et du Silence des Agneaux, sur un Hannibal Lecter en liberté enquêtant avec son futur antagoniste Will Graham, est une réussite délectable.
Le pilote est prenant et noir, avec une radicalité réjouissante dans le gore.
De bien belles promesses, assez rares sur une chaîne publique. Pourvu qu'elles soient tenues.
L'intrigue prend son temps pour bien développer ses personnages, campés de plus par d'excellents acteurs.
Pour incarner le serial-killer iconique, Mads Mikkelsen est un choix audacieux et payant. Il nous concocte un Hannibal avec ce qu'il faut d'élégance glacée et on devine bien la violence qui bout en lui. Le monstre n'est pas encore complètement lâché, et ça ne le rend que plus intéressant.
Hugh Dancy est génial dans le rôle de Will Graham, enquêteur autiste et surdoué rongé par l'étude du mal. Will est destiné à être celui qui coffrera le serial-killer et leur relation est ici déjà complexe, mélange de froideur, fascination mutuelle, complicité naissante. C'est ce qui peut faire tout le sel de la série, ils ont intérêt à assurer.
Graphiquement, c'est une claque. L'esthétique est belle et élaborée, il faut souligner le solide travail de réalisation de David Slade (Hard Candy, 30 Days Of Night). Après avoir bossé sur l'excellent pilote d'Awake, il met encore une fois une série sur de bons rails.
Les méthodes particulières de Profiler de Graham donnent lieux à de beaux parti-pris visuels. C'était déjà le cas dans « Le Sixième sens », le très bon polar de Michael Mann qui a cependant assez mal vieilli. Dans la série aussi, la visualisation, ce petit plus de Will Graham lui permettant de recomposer l'action à travers les yeux du meurtrier, est parfaitement opérée.
On assiste en ce moment à un revival des séries de Profiler, avec Hannibal et son concurrent direct The Following. Mais le match ne semble pas devoir avoir lieu tant les forces sont déséquilibrées. Le nanar rigolo porté par Kevin Bacon, avec son intrigue incohérente, sa violence gratuite et complaisante, ne concourt clairement pas dans la même catégorie.
Hannibal a l'atout d'avoir en cuisine le showrunner Bryan Fuller, type assez franchement doué responsable de Dead Like Me, les meilleurs épisodes de saison 1 d'Heroes (rappelez-vous, quand c'était trop bien avant que ce soit tout naze), l'excellente Pushing Daisies. Il a l'air de faire le boulot, d'après ce que nous donne à juger le pilote la série semble classe, développant une certaine élégance esthétique et une recherche psychologique appréciable.
« Can i borrow your imagination? » demande un supérieur à l'enquêteur Will Graham, et c'est la même proposition intrigante et perverse qui est faite au spectateur. On connait le voyage, on connaît l'histoire, mais pour les amateurs de ce fin gourmet d'Hannibal, difficile de faire la fine bouche.
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