Faute de preuves
5.3
Faute de preuves

Série Netflix (2025)

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Coben à Bariloche

Tout le monde – au moins les gens intéressés par les polars best sellers – connaît le nom de Harlan Coben. Beaucoup moins de gens, en tous cas en , connaissent le nom de Bariloche – ou plus exactement San Carlos de Bariloche – station touristique réputée aux portes de la Patagonie argentine. Le fait d’associer ces deux mots, comme le fait la mini série Atrapados (c’est-à-dire Caught comme titre international, et… Faute de preuves dans la « traduction » française, comme si « Attrapés » ne faisait pas de sens…), est forcément surprenant, incongru presque. Et pourtant, c’est bien le fait d’avoir situé l’action de la dernière adaptation par Netflix d’un roman de Coben dans le cadre à la fois isolé (une petit communauté fermée sur elle-même, surtout hors de la saison touristique) et splendide (le lac Nahuel Huapi et les montagnes qui le surplombent, ça a « de la gueule », incontestablement) de Bariloche, qui fait que la série est une petite, mais réelle réussite.

Depuis sa première adaptation au cinéma (Ne le dis à personne, en ), on sait que Coben a donné la préférence – inhabituelle – à des producteurs et réalisateurs non-US pour transposer ses polars hyper-populaires à l’écran, et l’accord signé avec Netflix a déjà généré une petite dizaine de mini-séries de différentes nationalités (notre préférée restant à date le Innocent d’Oriol Paulo…). A chaque fois, on peut d’ailleurs constater que les sujets des thrillers « cobeniens », qui semblent pourtant si états-uniens, s’adaptent sans dommages aux cultures et aux réalités d’autres pays.

Partant d’une enquête menée par une journaliste tendant des pièges à des pédophiles sur le Net, Atrapados se transforme rapidement en procès de la justice expéditive si souvent abusivement prônée par les défenseurs de la morale (d’extrême droite, la plupart du temps), avant de nous emporter dans une enquête mêlant tragédies intimes et gros problèmes sociétaux (spéculation immobilière et corruption, toute-puissance des élites financières établies…) qui résonnent bien avec la réalité de l’Argentine, grand pays embourbé dans ses maux historiques, aujourd’hui tombé dans les solutions radicales peu empathiques vis à vis des victimes. Une interprétation socio-politique qui n’est certes pas au premier plan de la série, mais qu’il est difficile de ne pas « lire » entre les lignes ou entre les images (même si on sait que Coben, quant à lui, est plutôt un écrivain réactionnaire…).

La combinaison inattendue entre cette lecture sociétale, la splendeur des décors naturels, la force des émotions (l’Argentin est naturellement plus prompt à montrer ses émotions que l’Américain de la Côte Est) et la jolie énigme montée par le talent indéniable de Coben en la matière, débouche sur six épisodes plutôt convaincants, nous faisant osciller entre un agréable dépaysement géographique et la reconnaissance que les maux de l’humanité sont bien les mêmes, partout sur le globe.

On en arrive même à se dire que Atrapados, la mini-série, bénéficiant en outre de la présence de l’excellent acteur espagnol Alberto Ammann (Cell 211, Narcos, Upon Entry, Griselda…) et de Soledad Villamil (mémorable dans El secreto de sus ojos), est bien meilleure que le roman dont elle s’inspire.

[Critique écrite en 2025]

https://www.benzinemag.net/2025/04/15/netflix-faute-de-preuves-coben-a-bariloche/

6
Écrit par

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le 16 avr. 2025

Critique lue 89 fois

Eric BBYoda

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