Il est clair que, Álex Pina et Álvaro Morte cités dans le même projet donne envie de jeter un coup d’œil, même si réticent à El embarcadero. Pourquoi réticent ? Parce qu’après ce succès planétaire qui a été La casa de papel on aurait tendance à se lancer d’emblée dans une nouvelle production avec l’espoir que le réalisateur ait à nouveau été touché par la grâce. Du coup une nouvelle série créée avec l’espoir et l’arrogante certitude qu’elle s’exportera dans le monde entier donne comme résultat un amalgame de sujets, chansons, paysages et messages greffés dans un fil conducteur titubant et sans âme qui se veut… un thriller ?
Si j’ire Almodóvar c’est surtout pour sa capacité d’ajouter la chanson qu’il faut exactement au moment qu’il faut. Il caresse par ce fait l’Espagne que j’aime tant et me transmets ce sentiment de faire partie du décor. Ou Wan kar-wai qui a toujours su très adroitement m’embarquer dans la ville de Hong Kong, me submergeant dans une ambiance très propre à son style. Si l’un des buts de la série était de transmettre l’essence de l’Espagne c’est raté, parce que la seule chose qu’on finit par croire c’est que le sexe en Espagne c’est du grand n’importe quoi.
Dans le cas de El embarcadero, je n’ai pas été touchée ni par les paysages, la mer, le village et encore moins par les personnages. Et même si les chansons étaient magnifiques, je les ai trouvé très calculées, comme une sorte d’autocollant au milieu du papier peint. Cette volonté de donner une sensation de liberté, se voit avortée et remplacée par toutes ces scènes de sensualité sauce au miel et tout ce sexe à outrance. À croire que depuis Les 50 nuances de Grey, on cherche à en faire tellement plus qu’on se demande quelle sera la prochaine étape ! Je ne veux pas jouer les prudes mais c’est que, malheureusement, l’intrigue patauge et a beaucoup du mal à sortir son nez de l’eau au milieu de tout ce méli-mélo.
Cette même intrigue, portée sur les épaules du personnage d’un Álvaro Morte qui flâne en off partout les petits espaces que le scénario a bien voulu lui accorder, n’est finalement qu’illusion. Dommage, son talent n’a pas de tout été mis en valeur mais plutôt bafoué. Les personnages qui gravitent autour de cet axe enfui sous des milliers des couches, prennent trop de place. Leur personnalité pas crédible ne réussit pas à sauver la présence du scénario. En regardant la fin du tout dernier épisode, il n’y a qu’une phrase qui m’est venue à l’esprit : Tout ça pour ça…