Devs
7.1
Devs

Série Hulu (2020)

Regarder notre perte d'humanité.

Avec Garland, on a souvent l'impression que ce qui est dit n'est pas dit dans le récit, pour les personnages, mais dans une adresse indirecte au spectateur. Les effets dramatiques reposent souvent sur une lecture d'un rythme que l'on choisis de se donner à soit même, par une mécanique de connivence détachée, sans volonté de convaincre. On peut en tirer deux conclusion. La première serait la lisibilité de l'effet en lui-même, déconnecté de son , la seconde serait le ressort de l'auto-mutilation du spectateur invité à se faire tout seul.


On peut avoir la sensation que, comme dans les comédies romantiques dont le dispositif premier est de tirer aux larmes, DEVS nous pousse à entrer dans un moule pour le voir. Il faut endosser cet esprit sinon, on peut rester facilement extérieur. Cet aspect est une clef de lecture de la série. On est pas vraiment dans un thriller intellectuel dans lequel le temps long nous fait cogiter et nous perd dans nos propres hypothèses (dispositif particulièrement visible dans un Twin Peaks par exemple) on est plutôt dans le champs du slasher soft.


Cela a du sens, puisque l'idée maitresse de la série, vue comme un déement (par le bas) de la condition humaine est de disperser ce qu’il reste d’humanité dans une forme d'absence. Il n'est donc pas très étonnant que nous soyons invité à regarder l'homme mourrir, à le regarder bien, jusqu'au bout, dans une forme de détachement glacé, enfin glacé, un glacé qui ne ferait pas l'effort d'être froid. C'est sans doute cette nature "post-humaine" qui donne à certains personnages une coloration étrange, comme suspendu, un peu à la manière de ces films de sectes et dans lesquels le malaise conduit forcément au sacrifice.


Ce que l'on gagne en tension, on le perd un peu en profondeur. Le scénario post-guerre froide (le méchant russe, le rapport technologique, la religion...) une expérience “revival” à la stranger Things mais où les vélos (qui permettent d'avancer dans le récit) seraient remplacé par des ordinateurs. De jolis moments formels, des dispositifs malins, des acteurs plutôt convaincants et de bonnes idées de décrochage son-image qui donne un peu de relief à une histoire sans doute pas assez... humaine.

6
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le 2 mai 2020

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Le Critique Noir

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