J'y allais au hasard, peu inspirée par l'affiche, prête à subir un énième contenu gênant et mal fait du PAF, surtout curieuse de voir comment allait être traité ce début des années 2000 qui m'a vue grandir.
J'ai trouvé un divertissement accrocheur au scénario bien écrit, avec un casting convaincant et une réal correcte, mais surtout un divertissement qui parle intelligemment du divertissement, sans se la raconter en mode "qu'est-ce qu'on est meta".
En 2000 j'avais 6 ans, et que ce soit avec le Loft ou les autres émissions, je n'ai jamais raccroché le wagon télé-réalité. Je n'étais pas rebutée par le côté populaire ou voyeuriste, mais plutôt par toutes ces pouffes blondes décérébrées qui vendaient leur cul pour er à la télé et se taper des crétins du même acabit.
Enfin, ça, c'est ce que j'aurais dit il y a 10 ou 15 ans.
Pour autant, une fois dans les études supérieures, je ne ais pas non plus le mépris de classe qui se cachait difficilement derrière les critiques de la télé-réalité émises par les jeunes gens de bonne famille. A les entendre, ces émissions ne faisaient que mettre en valeur le bas-fond de l'humanité dans une énième dérive de l'individualisme.
Si j'ai immédiatement compris la dimension classiste dans le rejet de la télé-réalité, il m'a fallu du temps pour en voir la dimension sexiste, principalement car j'étais moi-même misogyne. Aujourd'hui j'ai beaucoup de tendresse pour ces formes de féminités canoniques, tenues révélatrices, maquillage, motifs léopard, maniérismes de vloggueuse, qui continuent de me prouver qu'il existe beaucoup de liberté dans la norme. En tant que provençale qui a grandi dans un "Sud taille basse", quand la figure de la cagole n'avait pas encore été gentrifiée (merci les Parisiens à Marseille, oui ce tacle est gratuit), Loana la niçoise me touche particulièrement. C'est notre Britney à nous les amis, et il faut prendre soin d'elle.
Au-delà de la télé-réalité, Culte m'a renvoyée à mon amour de la télévision, quand le linéaire parlait davantage aux jeunes. Doux souvenirs de ces années ées à connaître la grille par coeur, à être en folie à l'arrivée de la TNT, à savoir que le premier épisode (de Malcolm, Ma famille d'abord, ou n'importe quelle autre sitcom) diffusé après le collège est le dernier de la veille et que je peux donc prendre mon temps pour goûter.
Culte me conforte dans mon amour du divertissement, d'autant plus quand les dominants l'opposent facticement à l'art. On est diverti ET on nous parle de classes sociales, de notre rapport à la culture, des mouvements populaires, d'individualisme, de sexisme. C'est oui.
Que c'est bon de se réconcilier avec les années 2000.