Cheyenne et Lola
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Cheyenne et Lola

Série OCS (2020)

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Quai des brunes

A la fois descente aux enfers et récit d'empowerment, Cheyenne et Lola évoque nécessairement de part sa portée féministe une décapotable et une paire de foulards. Il a aussi comme point commun avec ce film de Ridley Scott, que la série vous évoquera nécessairement, un duo de protagonistes en mal de liberté.


Entre l'éprouvée et dure à cuire Cheyenne et la naïve et pétillante Lola, l'alchimie est loin d'être évidente. L'une et l'autre sont faites pour s'agacer et se désintéresser poliment, au mieux. La pointe d'accent respectif de Veerle Baetens et Charlotte Le Bon vient involontairement souligner ce décalage d'univers et de langague. Elles se retrouveront par la force des choses et dans une sororité solidaire et tantinet ambigüe. Confrontées à la violence des hommes et abusées dans leur confiance, elles n'ont d'autres solutions que de flirter avec le mal pour être libre.


La série capte avec une beauté crue, mais sans excès de romantisme ni de misérabilisme, les prolos des quais de Cherbourg, avec une galerie de personnages secondaires très attachants comme ceux interprétés par Sophie-Marie Larrouy, sœur et show-woman malmenée, et Pierre Lottin, vigile amoureux et grossier. Et puis, il a de vrais salops, des thénardiers, un couple de beaux-parleurs sur fond de vente pyramidale et une mafia locale pas très raffinée. Toute cette troupe donne un environnement dense et complexe auquel vient se greffer des sujets comme la précarité du travail ou la question migratoire.


En 8 épisodes, difficile de développer sans raccourcis autant de personnages et de liens forts. Notamment dans les deux derniers épisodes, Virginie Brac met à l'épreuve notre suspicion d'incrédulité sans doute par faute de temps. Néanmoins, la série réussit à garder beaucoup de cohérence et séduit par des qualités visuelles (une photo froide et claire à la fois, une grande profondeur de champ...), l'interprétation assez brillante de son duo-titre et de beaucoup de personnages secondaires ainsi que par une façon tranchée mais réaliste de décrire la fuite en avant de ses héroïnes entre survie, lutte de pouvoir et prise de risque folle.

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le 18 janv. 2021

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Antoine Maf

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