La saison 2 de Carnival Row est déroutante.
Attendue au point que l'on commençait à douter qu'il y ait un jour une suite, cette dernière saison ne pouvait plus miser sur la découverte d'un monde où se mêlent créatures fascinantes et une Angleterre Steam Punk.
Si la première saison était d'abord une enquête sur un Jack l'éventreur surnaturel sur fond de ségrégation de refugiés politiques "Fae", la 2e fait l'inverse. Le cœur du récit est La condition Fae, et il y a des meurtres mystérieux.
La qualité de l'immersion est toujours là, au point qu'on ne se pose pas la question, les acteurs tiennent la route, les effets aussi, tout va bien de ce côté là.
Par contre le parti pris du "noir c'est noir" en rebutera plus d'un. Déjà présent dans la saison 1, on franchi un nouveau cap dans le désespoir. Des histoires noires il y en a d'autres, Mais c'est juste que le spectateur n'est pas attiré par un monde fait de première révolution industrielle fantasmée et de créatures de légende pour n'en voir que le pire.
Le monde s'élargit, mais du mauvais côté : là où on voulait plus de Fae on a une Russie (le Pacte) et sa révolution. En fait, plus on avance dans l'aventure plus on se dit que l'on aurait la même histoire en remplaçant les Fae par n'importe quelle population opprimée, les ailes, les cornes, les monstres, la magie et la vapeur n'étant en fait qu'un décor dans lequel se déroule une histoire d'oppression et de révolution qui aurait parfaitement pu exister sans tout cela.
Et c'est encore une fois le problème : pourquoi avoir créé un univers aussi riche (potentiellement) pour raconter une histoire qui en est presque indépendante ? Seulement pour faire er la pilule ?
Le scénario n'est pas non plus sans reproches. Le personnage de Vignette est particulièrement énervant, changeant d'avis comme de chemise, ayant la constance et la capacité de raisonnement d'un bulot… Philo (le mal nommé) n'est pas en reste, habité par ses démons, il semble errer sans but à travers l'histoire. Le meilleur enquêteur du "Burgue" semble ne servir que de punchingball pendant l'essentiel de la saison. Le personnage majeur de Millworthe ne semble aiguisé qu'au niveau de son regard, pas assez pour comprendre les intérêts sous-jacents des uns et des autres. Les autres personnages sont de telles caricatures que les scénaristes n'ont pas du er plus de 5mn pour les peindre. Dur pour les acteurs d'incarner des personnages aussi minces.
Malgré cela on va jusqu'au bout, parce que l'histoire pénible se e dans un monde dont on est friand, et qu'on aimerait quand même que le "bien" triomphe à la fin.
A la fin, l'histoire est bouclée c'est déjà ça. Il y a bien une petite ouverture pour une éventuelle suite, si le succès est là. Espérons que, s'il y en a une, elle se dégagera de la lutte des classes et s'intéressera plus au "Lore" des Fae.