Le synopsis était prometteur : un chef cuisinier, de l’espionnage, du sexe, le tout dans le cadre historique de la fin du XVIIIe siècle, en pleine effervescence politique et sociale. Que demander de plus ?
Mais là où ces tensions auraient pu être finement intégrées, elles prennent autant (voire plus) de place que l’intrigue principale. L’Histoire, en plus, n’est pas respectée. Dommage : un minimum de rigueur aurait au moins permis de maintenir une certaine logique.
En fait, on ne sait plus sur quel pied danser. La série se veut riche et intense, mais elle déborde de subterfuges. On y trouve de l’ambition culinaire, une intrigue politique et policière, des tensions amoureuses, et de l’érotisme à foison. Ajoutez à cela des visuels très travaillés, et ce sentiment constant d’incertitude dans lequel le réalisateur nous laisse flotter. Résultat : on sort d’un épisode avec la sensation d’avoir trop mangé, et pas bien digéré.
Ce qui, parfois, pousse les meilleures séries ou films vers la perfection est ici ce qui perd Carême : une intrigue qui se voulait concise, mais qui finit par être trop simplifiée. On ne comprend pas tout, et ce n’est pas excitant. C’est frustrant. Car rien ne sera clarifié. C’est simplement mal expliqué, le fruit d’un travail de simplification inabouti.
Bien loin de l’intention de Martin Bourboulon, je vois mal la fin venir combler le creux qu’on ressent. Carême manque de profondeur. Soit la série avait été légère, caressant l’érotisme, rythmée par des tensions amoureuses, politiques et sociales subtiles, et on aurait é un bon moment. Soit elle nous offrait une vraie fresque historique, fidèle à la vie d’Antonin Carême, potentiellement excitante et instructive. Il fallait choisir.
Mais finalement, on peut se laisser porter par les visuels, la bonne nourriture, et le jeu de séduction du personnage principal, incarné par un Benjamin Voisin convaincant, grâce à son talent, et non celui du scénariste (oups, c’est dit). Regardez si vous aimez les histoires d’amour contrariées, ou si vous êtes séduit par Benjamin Voisin, Lyna Khoudri ou Alice Da Luz. Sinon, ez au plat suivant.
Aparté : saluons tout de même le jeu juste de Juliette Armanet, pas si surprenant, au fond, tant elle est artiste dans l’âme.