Albator 78
7.3
Albator 78

Anime (mangas) TV Asahi (1978)

Albator 78 par Skidda

J'ai toujours été circonspect face aux éloges intarissables sur l'artiste Leiji Matsumoto, mais il faut bien avouer qu'il reste une figure assez incontournable de son époque, dont la renommée persiste même après son décès (13 février 2023). Du coup, après bien des hésitations, j'ai décidé de laisser une chance au vieux Harlock, aka Albator.


Ce dernier s'anime en 1978-1979. Après son travail sur Uchuu Senkan Yamato, Matsumoto reprend l'idée d'un pirate dans l'espace, qui à la base aurait dû revenir au personnage Mamoru Kodai de Yamato si la série avait été plus longue. Il crée alors son propre manga avec des idées très typiques de l'auteur : un gros vaisseau spatial, l'Arcadia, mené par un capitaine aussi téméraire que stoïque, Harlock, et son fougueux équipage, fend les étoiles pour protéger la Terre d'une menace extraterrestre : les Mazones.


Une chance pour l'auteur, la compagnie Toei qui était friande d'adaptations de mangas à succès, notamment ceux de Go Nagai au début des années 1970 (Goldorak, Mazinger Z, Cutie Honey), et qui avait vu tout le potentiel du genre sci-fi suite au succès d'Uchuu Senkan Yamato, va s'empresser de reprendre à leur compte cette nouvelle franchise. Ainsi verra le jour la première série sur Harlock, en 1978-79.


Si certains verront dans cet anime toutes les manifestations d'un 'classique', je m'en tiendrai pour ma part au terme 'vieilli'. Pas seulement dans ses dessins mais surtout dans sa narration. En effet, pour remplir ses 42 épisodes, la série s'attarde régulièrement sur de petites historiettes ringardes, composées de monstres de la semaine et détours mollassons, notamment autour de Mayu, la petite protégée de Harlock.


L'incapacité de la série à se concentrer sur sa trame principale conduit aussi à pas mal d'épisodes flashbacks sur les différents membres d'équipage de l'Arcadia. Ceux-ci ne sont pas toujours bien fignolés mais ils ont le mérite de donner de l'intérêt aux personnages, et l'atmosphère qui se dégagent de certains de ces épisodes sont franchement réussis.


Les membres de l'Arcadia sont finalement un point positif pour cette série malgré leur comportement souvent clownesque. Harlock, ce héros silencieux, badass et le regard pétillant d'étoiles, a aussi ses moments, même si sa mentalité 'sois un homme, un vrai' s'affiche parfois de manière ridicule. Tout aussi bêbête est la représentation stéréotypée de la société humaine futuriste décadente mais leur représentant le plus proéminent, le commandant Kiruta, possède suffisamment de nuances pour le sauver, très tardivement, de son simple rôle d'antagoniste récurrent. Il en va de même pour les Mazones ; même s'il faut attendre une bonne moitié de série, cette dernière finit par développer plus qu'un simple manichéisme entre Harlock et cette faction, qui possède ses diversités, des frictions internes, ainsi que des ambitions répréhensibles mais contrastées par une humanité tangible.


Mon expérience avec Harlock aurait pu être similaire à celle avec la franchise Yamato, mais il y a une différence de ton qui change fondamentalement ma perception de l'oeuvre. Sans Yoshinobu Nishizaki, figure plus que controversée qui a co-créé la franchise Yamato, il n'y a pas ici d'allusions remaniées de la Seconde Guerre mondiale pour imprégner la série de relents nationalistes douteux. Il y a bien quelques attaques suicides, un amour du jargon militaire, et un sens de l'honneur particulier, mais c'est bien le libre-arbitre et l'individualisme entourant l'Arcadia qui définissent le plus la série. C'est cette différence thématique, davantage à mon goût, qui m'a permis d'apprécier Harlock comme un anime défini avant tout par ses aventures spatiales et son action.


Graphiquement l'adaptation accuse tout de même son âge ; les combats restent trop plats dans le jeu de caméra et trop limité dans les effets. Mais pour être honnête, ça reste bien fichu pour son époque, il y a des séquences très travaillées et des décors sci-fi convaincants, ainsi qu'un un chara-design répétitif mais charmant, signés Matsumoto.


Pour résumer, Harlock est une série tout à fait correcte mais difficilement recommandable pour les yeux d'un adulte du 21e siècle qui a déjà pu apprécier des séries similaires modernes. La faute à une trame scénaristique pauvre, des graphismes manquant de 'peps', et surtout une durée trop longue pour ce qu'il propose. Un bilan décevant pour un nom aussi mythique qu'Albator, mais n'oublions pas que cette série de 1978 n'est pas la seule sous ce nom. Il restera donc à voir si ses successeurs, dont Waga Seishuun Arcadia (film et série), sauront davantage me faire rêver.

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le 27 avr. 2025

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Skidda

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