Primitif américain…
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le 8 févr. 2025
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À l'aube de l'Amérique nous plonge dans l’Amérique sauvage de 1857 – encore un contient et pas vraiment un Etat, où Sarah Rowell et son fils tentent de redre le père de ce dernier. Une quête qui, bien sûr, s’avère rapidement fallacieuse et qui sert surtout de prétexte à la série pour explorer la naissance d’une nation marquée par la violence, les luttes de pouvoir et l’effacement progressif des populations autochtones. Bref, le rêve américain, mais version brouillon et sans filtres.
La série brosse un tableau impitoyable d’un territoire où la loi du plus fort domine et où chaque jour est une lutte pour survivre, que l’on soit colon, soldat ou membre d’une tribu amérindienne décimée par les maladies, l’alcool et les fusils fraîchement débarqués d’Europe. Dans ce chaos, chacun revendique sa parcelle de terre (qui, spoiler alert, ne lui appartient pas vraiment), renumérote ses abattis chaque jour et tente de bâtir une vie meilleure.
Ce qui rend la série vraiment captivante, c’est la diversité des points de vue et l’ambivalence de ses personnages, en particulier ses figures féminines. Sarah, citadine de l’Est, troque une violence feutrée dans des règles de lois, contre une violence débridée sans cadre. Mais c’est surtout Abish, la jeune épouse mormone, qui marque les esprits. Confrontée à la violence et à l’hypocrisie de son propre camp, elle se rapproche de la tribu indienne à mesure qu’elle questionne son rôle, sa place et l’éducation qu’elle a reçue. Oui, le choc des cultures est un classique du genre, mais la nature réflexive d’Abish, établie dès le début de la série, évite les clichés habituels et apporte une vraie nuance. On peut aussi citer le parcours d'Isaac, blanc élevé parmi les indiens ; peut-être pas nouveau, mais suffisamment bien mise en scène, notamment dans la douleur d'un homme qui doit vivre avec l'impensable.
La série excelle dans sa représentation brute et réaliste de l’époque : des décors naturels splendides mais impitoyables, une lumière crue qui ne cherche jamais à embellir la rudesse du quotidien, et une violence omniprésente, viscérale. La nature elle-même semble participer au combat, ajoutant une couche supplémentaire d’hostilité à un monde déjà sans pitié. Oui, on aurait aimé éviter certaines longueurs et un ou deux arcs narratifs un peu trop exagéré (bof les loups numériques dans la cabane), mais l’ensemble reste solide. On ne va pas se mentir, l’excès de violence est aussi un argument marketing qui montre aussi ses limites avec certaines gratuités.
Côté casting, Betty Gilpin et Zahra Newman livrent des performances remarquables, tout comme Shea Whigham, parfait en dirigeant de fort cynique et rugueux. Taylor Kitsch, lui, campe un guide bourru et mystérieux... un peu trop mystérieux d’ailleurs, du genre à oublier de dire aux autres ce qu’il fait et pourquoi, pour ensuite leur reprocher leurs erreurs. Classique des taiseux américains, et donc un peu cliché.
Si À l'aube de l'Amérique n’évite pas toujours les pièges de la série historique, elle se distingue par sa capacité à renverser la perspective habituelle. Loin des récits habituels, la série nous rappelle que la naissance des États-Unis d’Amérique se sont faits dans le sang, la douleur et l’injustice. Une approche salutaire, qui rend cette série aussi captivante que dérangeante.
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Créée
le 16 févr. 2025
Critique lue 53 fois
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le 8 févr. 2025
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