Ce que j’ai ressenti à la première écoute, c’était un choc. Cette impression que tout était à sa place, même le désordre. A Day in the Life ne suit aucune règle, elle déroute, elle happe, et surtout, elle reste. C’est une chanson qu’on ne traverse pas, c’est elle qui nous traverse.
Dès les premières notes, la voix de Lennon s’élève, douce et détachée, comme s’il récitait un rêve ou un souvenir brumeux. Puis, sans prévenir, un crescendo orchestral surgit : dissonant, chaotique, presque angoissant : une montée de tension maîtrisée avec un génie déroutant.
Au milieu du morceau, McCartney prend le relais avec un age plus rythmé, plus concret. Il évoque la routine : le réveil, le métro, un café
Et soudain, cette banalité prend un poids inattendu, presque oppressant. L’alternance entre ces deux mondes, l’un onirique et l’autre terre-à-terre, crée un équilibre étrange mais fascinant, comme un dialogue entre deux réalités.
Musicalement, c’est une œuvre audacieuse. L’orchestration rappelle presque la musique classique contemporaine : les cordes montent, se disloquent, explosent. Rien n’est lisse, et pourtant tout sonne juste. Le morceau se clôt sur un accord final monumental, tenu comme un souffle qu’on retient, suspendu dans le silence.