Vies imaginaires
7.7
Vies imaginaires

livre de Marcel Schwob (1896)

Vies imaginaires par Cyril T

Il y a un moment que je veux découvrir Marcel Schwob, compagnon littéraire d’Alfred Jarry, Paul Valéry ou André Gide, mort avant ses quarante ans et inspirateur avec ses Vies imaginaires de textes de Borges, Michon ou Quignard.

Les « Vies » de personnages illustres, et plus tard de saints, sont un genre littéraire en soi : dans de lointains souvenirs de cours de latin, j’ai dû entrevoir les Vies des douze César de Suétone ou les Vies parallèles de Plutarque. Mais Marcel Schwob récuse dès la préface ces modèles, dans lesquels le biographe fait seulement ouvre d’historien. Pour lui, l’art du biographe doit « donner autant de prix à la vie d’un pauvre acteur qu’à la vie de Shakespeare », et « raconter avec le même souci les expériences uniques des hommes, qu’ils aient été divins, médiocres ou criminels. »

Les Vies Imaginaires mêlent donc tous types de personnages - philosophes, peintres, meurtriers, moines, esclaves - dont l’existence est plus ou moins documentée selon les cas : Schwob, avec une grande érudition et sans complexe, comble les trous si nécessaire, voire invente au besoin un personnage ou deux. Inutile d’essayer de démêler le vrai du faux : tout l’intérêt est de se laisser happer par cette suite d’histoires volontiers grandioses qui parlent de création, de foi, de sacrifice, de la puissance des contes, le tout dans une langue qui ferait er ces 22 récits d’une poignée de pages pour de petits poèmes en prose.

A la fin, on ne peut tout de même pas s’empêcher d’ouvrir Wikipedia pour savoir si le peintre Paolo Uccello a réellement été tué par sa recherche d’absolue perfection, ou si Erostrate, l’incendiaire du temple d’Artémis, a réellement eu une enfance malheureuse.

7
Écrit par

Créée

le 5 nov. 2022

Critique lue 18 fois

Cyril T

Écrit par

Critique lue 18 fois

D'autres avis sur Vies imaginaires

Critique de Vies imaginaires par LeChiendeSinope

Schwob l'explique lui-même dans sa préface : les biographes se prennent trop souvent pour des historiens. L'art de la biographie consiste justement en la sélection, le choix. Le choix de la vie à...

le 5 juil. 2012

4 j'aime

Critique de Vies imaginaires par Venantius

Marcel Schwob est un de ces étranges spectres déambulant dans les corridors de la vie littéraire : inconnus du grand public, on s'étonne de les trouver soudain partout dès que l'on connaît leur...

Par

le 17 oct. 2015

3 j'aime

Critique de Vies imaginaires par Botwin

C'est l'histoire de personnes qui existent, mais en fait non, qui discutent avec d'autres gens et qui meurent à la fin dans d'atroces soufs. C'est l'histoire d'un auteur qui a voulu écrire une...

Par

le 23 déc. 2010

1 j'aime

1

Du même critique

Critique de Alexis Zorba par Cyril T

Zorba, c’est bien sûr ce type qui danse sur une plage crétoise, un cliché ambulant d’office du tourisme grec - dont la fameuse danse, c’est bien connu, n’est même pas traditionnelle mais a été...

Par

le 5 nov. 2022

5 j'aime

Critique de Tous ceux qui tombent par Cyril T

Qui étaient-ils, les 10 à 30000 morts de la Saint Barthélémy ? Et à qui appartenaient les mains qui, cette nuit de 1572 puis pendant plusieurs semaines partout en , ont frappé, blessé, embroché...

Par

le 5 nov. 2022

5 j'aime

1

Critique de Le Cloître des ombres par Cyril T

Au début du XIIIe, Richalm, prieur du monastère de Schöntal au sud de l’Allemagne confie son trouble au frère N. qui consignera son récit. Longuement, Richalm raconte ce qu’il entend et ce qu’il...

Par

le 5 nov. 2022

4 j'aime